Côté pile, ces JO vont sans doute nous livrer des exploits de toutes parts : l’équipe des États-Unis au basket emmenée par Lebron James, le Kényan Kipchoge pour un possible troisième titre d’affilée sur le marathon, Pauline Ferrand-Prévot en quête d’un premier titre olympique en VTT, le judoka Teddy Riner sur les tatamis, la nageuse Katie Ledecky et bien d’autres… Les Jeux olympiques restent cette compétition de très haut niveau pour laquelle les meilleurs sportifs du monde entier se préparent d’arrache-pied des années durant et qui met en lumière des sports parfois peu médiatisés au quotidien : un rendez-vous plus qu’attendu pour tous les amateurs de sport qui plus est « à domicile ». Côté face, du côté des politiciens et des patrons, pas de « trêve olympique » pour la loi du fric. Les JO, par les milliards brassés et les marchés associés, ne peuvent que refléter toutes les logiques de la société capitaliste.
La chasse aux pauvres comme épreuve olympique
Selon des associations, ce sont plus de 12 500 personnes qui ont été expulsées d’Île-de-France en un an : sans-abris, toxicomanes, squatteurs… ont été priés de déguerpir, CRS parfois à l’appui. En Seine-Saint-Denis, des hébergements d’urgence ont été transformés en hôtels touristiques et des habitants expulsés de leur logement. Le village olympique sera transformé après les JO en habitations ? Oui… à des prix tels qu’elles seront pour la plupart inaccessibles pour un milieu populaire. La préfecture du 93 a également ordonné un fléchage des financements associatifs vers les « séjours à l’extérieur du département » pour qu’il n’y ait pas trop de jeunes dans les rues cet été. Exit aussi les étudiants, virés de leurs chambres universitaires, parfois pendant la période des examens. Et pour celles et ceux qui devront aller au travail, la galère n’est pas finie : pendant les JO, prendre le bus ou le métro coûtera cinq euros et les conditions de circulation en voiture s’annoncent sportives !
Sans les travailleurs, pas de JO !
La région parisienne a vu pulluler les travaux depuis des mois pour finir les infrastructures. Sur les chantiers, les conditions de travail ont été encore durcies dans les derniers mois au vu des délais incompressibles. Au moins un travailleur y aura perdu la vie, percuté en juin 2023 par un camion de chantier : l’entreprise n’avait mis en place aucune des mesures de sécurité qui auraient pu éviter ce drame.
Pendant les JO, des dizaines de milliers de travailleurs vont participer à la bonne marche de l’évènement dans les transports, la logistique, la restauration, l’accueil… dans des conditions de travail parfois chamboulées pour certains, sans pouvoir partir en congés pour d’autres. Et il a encore parfois fallu se battre, à l’instar de la journée de grève à la SNCF du 21 mai, pour exiger des logements décents pour ceux venus de province ou des primes compensatoires à la hauteur.
Pour les 45 000 bénévoles mobilisés, ça sera le marathon : huit heures de travail par jour, pas de défraiement, pas toujours de planning à l’avance, et même pas de possibilité d’assister gratuitement aux Jeux pour la plupart d’entre eux ! Pour des volontaires certainement heureux de contribuer à la réussite sportive de ces Jeux, la moindre des choses aurait été de leur rendre la tâche la plus facile et agréable possible… mais les plus de 10 milliards de budget des JO sont sans doute allés directement remplir les caisses des entreprises du BTP, de l’hôtellerie, de la restauration ou des équipementiers.
Boris Leto