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Cocorico qui gagne aux JO ?

Sur les 206 pays qui participaient aux JO, les 10 pays qui ont remporté le plus de médailles sont : USA, Chine, Japon, Australie, France, Pays-Bas, Grande-Bretagne, Corée du Sud, Italie, Allemagne. Il y avait 1 039 médailles à se partager, ils en ont raflé 583, soit 56 %.

Sur les 215 pays de la planète ce sont presque les mêmes qu’on retrouve au top 10 de la finance, dans l’ordre : USA, Chine, Allemagne, Japon, Inde, Grande-Bretagne, France, Italie, Canada, Brésil. Le total de leur PIB représente cette année-là 64 025 milliards de dollars sur un montant mondial de 100 000 milliards, soit 64 % du revenu mondial. La multiplication des disciplines olympiques donne donc un avantage certain aux pays riches qui ont les moyens d’investir dans les conditions d’entrainement de sports aussi divers que l’équitation ou la natation. Toutefois, certains pays pauvres tirent aussi, à plus petite échelle, leur épingle des Jeux, notamment dans les disciplines qui exigent le moins d’investissement (course à pied, sports collectifs).

Si l’Inde avec ses 1,4 milliard d’habitants n’est pas dans le top des médaillés olympiques c’est en grande partie dû à la mentalité des hautes castes peu poussées à décider des crédits pour les JO, plus attachées qu’elles sont au yoga, pour la tradition, au cricket importé d’Angleterre pour les gentlemen de la haute, laissant le kabaddi aux basses castes. Si, à l’inverse, Pays-Bas et Australie, peu peuplés, sont mieux classés au niveau des médailles qu’à celui des PIB, ils comptent néanmoins parmi les PIB par habitant les plus élevés.

Car il y a les prouesses des sportifs, la seule chose qui nous époustoufle. Il y a le fric que les États consacrent aux sports et aux équipements sportifs. Ce qui permet certes à de plus larges couches d’en pratiquer, mais aussi de sélectionner en vue de leurs objectifs : donner un des seuls moyens d’ascension sociale permis aux futurs champions (qui viennent bien souvent de milieu populaire dans beaucoup de sports), et former des athlètes de haut niveau, surtout vus par les gouvernants comme moyens de propagande, destinés à renforcer l’image nationale et le nationalisme. Il n’est pas totalement anodin de ce point de vue qu’un des débouchés proposés aux sportifs soit d’intégrer la police ou l’armée…

Mais voyons, nous dirons les responsables du Comité international olympique, n’allez pas mêler le sport à la politique. Ils ont eux exclu des Jeux de 2024 la Russie et la Biélorussie (laissant des athlètes concourir sous bannière neutre) pour cause de guerre en Ukraine, mais gardé Israël comme s’il n’y avait pas de massacre à Gaza. Et ils ont trouvé sur place moyen de disqualifier l’athlète Manizha Talash (une danseuse sportive membre de la délégation des réfugiés) qui avait osé mettre en évidence dans son dos « liberté aux femmes en Afghanistan ».

Médaille d’or de l’hypocrisie.

Pierre Mattei