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Faire grève le 1er octobre, oui, remettre son sort dans les mains des directions syndicales, non !

Il est important que la journée de grève et de manifestations du 1er octobre soit la plus massive possible, au moment où le gouvernement Barnier s’apprête à défendre allègrement les intérêts du Medef tout en faisant les yeux doux à l’extrême droite. Après plusieurs mois de jonction complète avec le Nouveau Front populaire, à qui elles avaient délégué le rôle de « rempart face à l’extrême droite » et ayant ainsi contribué à la mise en place du « front républicain » qui a permis à Macron de nommer Barnier avec l’aval de Le Pen et de Bardella, certaines des directions syndicales (la CGT, la FSU et Solidaires, rejointes par des syndicats étudiants), appellent à la grève le 1er octobre. Enfin, a-t-on eu envie de dire. C’est en effet le premier appel intersyndical interprofessionnel depuis celui du 13 octobre 2023 ! Ni la CFDT, ni l’Unsa, ni FO n’ont jugé bon d’en faire autant. Marylise Léon, la secrétaire confédérale de la CFDT, en réagissant sur France Inter à la nomination de Barnier le 8 septembre dernier, indiquait que « la politique ne pourra pas se faire seul, c’est-à-dire qu’il faut pouvoir compter sur les acteurs sociaux et la CFDT sera au rendez-vous »… mais aussi que si « la question numéro un, c’est le pouvoir d’achat, c’est dans les entreprises que ça se joue » et non pas « dans la rue ». Quant à la question de la réforme des retraites de 2023, elle est pour sa suspension « le temps de discussions »… avec la volonté de resservir une des vieilles marottes de la CFDT, la « retraites à points », sur laquelle Macron avait du lâcher en 2020. Bref, avec Marylise Léon, peu importe le flacon pourvu qu’on ait l’ivresse du « dialogue social », et tant pis si c’est la classe ouvrière qui a ensuite la gueule de bois ! Cela ne veut pas dire que du côté de la CGT les appétences au dialogue soient moindres, si l’on en juge par le débat entre Sophie Binet et le président du Medef à la Fête de l’Humanité, dans lequel celle-ci a commencé par une blague de son cru : « je vous propose qu’on commence à négocier, j’ai un stylo, j’espère que vous avez le chéquier et tout va bien se passer ». Sans aucun trait d’humour cette fois, elle s’est félicitée à la fin du débat « d’un exercice franc » soulignant que « pour la CGT on progresse toujours dans le débat contradictoire, l’échange d’arguments permet d’approfondir les questions ». Avec de telles pirouettes, il ne peut y avoir autre chose que des cacahuètes pour le monde du travail. Celles et ceux qui prétendent représenter ses intérêts n’ont décidément pas la carrure de lutteuses et de lutteurs de classe acharnés. Dans l’appel au 1er octobre, la mobilisation sociale est explicitement définie comme un moyen de pression sur les députés qui vont commencer à discuter du budget. Elle s’inscrit donc dans le calendrier parlementaire, une stratégie pourtant lourdement défaite en 2023. Sur la question emblématiques des retraites, l’appel en reste à l’abrogation de la loi de 2023 actant les 64 ans pour le départ, en oubliant complètement (mais volontairement) la revendication de l’abrogation de la réforme Touraine de 2014 qui a allongé la durée de cotisations à 43 ans, rendant de fait impossible la possibilité de la retraite à 60 ans. Alors, soyons déterminés à faire du 1er octobre un succès, mais avec la conscience qu’il est désormais vital de nous doter nous-mêmes d’un plan de bataille qui se donne comme objectif de mettre le pays à l’arrêt, pour enfin arracher des victoires.

Marie Darouen