Nos vies valent plus que leurs profits

Boeing : on strike !

Le 13 septembre, un an après la grève victorieuse de six semaines dans l’industrie automobile, 33 000 salariés de Boeing de l’État de Washington (nord-ouest des États-Unis) se sont lancés dans la grève.

Un accord avantageux ?

Ils revendiquent 40 % d’augmentation et le rétablissement d’un système de retraite fixe par cotisation. L’accord conclu cet été entre la direction et le syndicat International Association of Machinists (IAM) prévoyait 25 % d’augmentation sur quatre ans, une prime de 3 000 dollars et un engagement d’investissement dans la région, mais avec en contrepartie pour certains un cumul de 19 jours sans repos. Et surtout, la suppression des primes annuelles… à peine compensée donc par la hausse des salaires. La réalité, c’est donc 9 % d’augmentation étalés sur quatre ans. Autant dire peanuts ! L’accord a été rejeté par les salariés, qui soulignent que leurs salaires d’embauche sont plus bas que ceux des fast-foods ou autres magasins.

No pay? No planes!

Réunis à 20 000 dans un stade en juillet pour voter sur la possibilité de la grève, puis rejetant à 94,6 % l’accord présenté, les salariés de Boeing se sont organisés en masse. Certains avaient fait grève en 2008, d’autres en sont à leur premier piquet. Mais c’est unanimement qu’ils et elles sont partis en lutte, alors même que le syndicat recommandait d’accepter l’accord. Le 23 septembre, la direction a proposé une amélioration à 30 % et un retour des primes, mais cela n’a pour l’instant pas l’air d’avoir satisfait les grévistes.

Boeing, pilier du capitalisme américain, mais fragilisé par les diverses avaries techniques qui ont provoqué 346 décès entre 2018 et 2019, est désormais dans une sale position : les avions ne sortent plus, les plus hauts cadres ont vu leur salaire baisser, et les non-grévistes seront au chômage technique une semaine sur quatre. Les salariés ont raison d’appuyer sur le portefeuille de la boîte pour remplir le leur – certainement et à juste titre encouragés par les nombreuses grèves qui éclatent aux États-Unis.

24 septembre 2024, Selma Timis et Quentin Patel