Une nouvelle fois, mardi 29 octobre, les salariés de l’association Émergences se sont mis en grève et une trentaine se sont rassemblés devant les locaux de la direction. Cette association du secteur social, qui compte 330 salariés, qui accompagne 3000 personnes et en héberge 500 est sous la menace de nouvelles suppressions de postes et de fermetures de structures d’accueil. L’association est dans une situation financière de plus en plus délicate, au point que le commissaire aux comptes a émis une alerte : en 2022 le déficit était de 600 000 euros, puis de 700 000 fin 2023 et désormais, il est monté à 900 000 euros. À cause d’un sous-financement chronique de la part de l’État et du conseil départemental, l’association a toujours été en déficit permanent, mais là, tout se creuse du fait de l’inflation. À cela s’ajoute une réforme de l’hébergement d’urgence aux particuliers (le « 115 ») dont la préfecture de Seine-Maritime a baissé le prix de financement d’une nuitée, déjà très insuffisant pour les structures d’accueil. Ce sous-financement empêche notamment de moderniser les locaux utilisés par l’association, comme le foyer de l’abbé Bazire, désormais plus que vétuste. Les grévistes ont montré aussi leur inquiétude à propos du versement de la prime « Ségur », parce que, bien que l’accord sur les oubliés du Ségur conclu nationalement en juin prévoie la rétroactivité sur six mois… il n’a pas encore été appliqué. C’est plus de 1000 euros pour 70 salariés qui n’ont pas encore été versés ! La direction a informé qu’elle verserait ce rattrapage en novembre… mais avec quel argent ? Car le conseil départemental a adopté une position, qui est de ne pas payer tant que l’État ne compense pas. Or, ce n’est pas la politique à l’égard du social du gouvernement Barnier qui est faite pour rassurer. Anticipant un défaut de paiement, la direction a annoncé vouloir réaliser des économies à hauteur de 10 % des dépenses hors masse salariale. Donc ça va être sur quoi ? Le chauffage ? Les repas ? Ce seraient alors les personnes qui sont accueillies qui vont en pâtir. Dans l’agglomération rouennaise, il n’y a pas qu’Émergences qui rencontre de grosses difficultés financières : c’est le cas également de l’ONM (l’Oeuvre normande des mères, basée à Canteleu) qui est en déficit de 500 000 euros, avec là aussi la menace de fermeture d’une structure. Une politique générale de casse du social est à l’œuvre depuis plusieurs années, le gouvernement actuel veut l’accentuer avec la complicité des pouvoirs locaux… Plus que jamais, c’est donc toutes et tous ensemble que celles et ceux du social vont devoir lutter !
Correspondant