Le 70e anniversaire du déclenchement, le 1er novembre 1954, de la guerre de libération ayant mené à l’indépendance en 1962, a été fêté par une impressionnante parade militaire sous les regards du président, de l’état-major et de présidents étrangers. Pendant six jours, la wilaya d’Alger a fermé l’autoroute qui devait servir au défilé, suscitant la colère des habitants. Les réseaux sociaux ont dénoncé cette fermeture « méprisante envers la population que l’on n’a prévenue que la veille », et ironisé sur la « privatisation d’une date censée appartenir à tout le peuple ». Aux yeux de beaucoup, il s’agissait pour le régime d’utiliser cette date symbole pour faire sa démonstration de force.
Cette force qui paradait serait dérisoire s’il s’agissait, comme le laisse entendre le président Tebboune, de se mesurer à celle des grandes puissances impérialistes. Croisé à Alger, Hocine Zehouane, ancien maquisard et opposant au coup d’État, en 1965, du colonel Boumédiène, lâchait « le chien qui aboie ne mord pas ». Ce dicton populaire illustre l’inconsistance des gouvernants et de leurs parades militaires, qui prétendent protéger la population. À moins qu’elles protègent surtout le régime de la colère des masses populaires.
C’est la mémoire des luttes de cette guerre d’indépendance, transmise au sein des familles, qu’il faut perpétuer, loin des défilés militaires et cérémonies officielles. Loin aussi des cinémas diplomatiques d’un Macron qui vient de reconnaitre, du bout des lèvres, « la responsabilité des militaires français dans l’assassinat de Larbi Ben M’hidi », l’un des jeunes dirigeants de la lutte d’indépendance. Manière pour Macron de tenter d’apaiser les tensions entre les deux pays suite à l’alignement total de la France sur la position colonialiste du Maroc dans le dossier du Sahara occidental. Là encore, l’ironie des internautes ne l’a pas loupé : « Grâce à Macron, nous savons enfin que Ben M’hidi n’a pas été tué par… la grippe » !
10 novembre 2024, Correspondant à Alger
