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Grève générale en Italie

En Italie, le 29 novembre, les confédérations CGIL et UIL ont appelé à une journée de grève générale. Fait notable, parce qu’inhabituel, les syndicats de base – à l’exception toutefois du principal d’entre eux, l’Unione Sindacale di Base (USB) – appelaient également à la grève le même jour. Première riposte d’ensemble depuis l’arrivée au gouvernement de l’alliance droite extrême droite dirigée par Meloni, elle avait un peu valeur de test.

Salvini, dirigeant de la Lega d’extrême droite et ministre des Transports, a immédiatement réagi, en demandant aux syndicats de limiter à quatre heures l’arrêt de travail dans les transports, avec le discours habituel sur les usagers « otages des grévistes ». Il faut dire qu’il avait été devancé par la CGIL et l’UIL, qui avaient décidé, elles-mêmes, de ne pas appeler les cheminots à faire grève le 29 novembre, sous prétexte que ceux-ci avaient déjà fait grève le week-end précédent à l’appel de l’USB. Devant le refus des syndicats, Salvini s’est adressé à la Commission de garantie, une autorité administrative sensée être « indépendante », qui régit le droit de grève dans les « services publics essentiels ». Sans surprise, cette commission lui a donné raison. Après avoir menacé, dans un premier temps, de passer outre, les confédérations ont décidé de faire appel au tribunal administratif, qui, à son tour, a confirmé la décision de la Commission de garantie. La grève a donc été limitée à quatre heures, aussi bien dans les transports publics locaux que dans les transports aériens.

La CGIL et l’UIL parlent d’un taux de grévistes moyen de 70 % et d’un total de 500 000 manifestants dans 43 villes, chiffres contestés par le gouvernement qui annonce 6,5 % de grévistes dans le secteur public et parle d’un échec de la mobilisation… tout en accusant les grévistes de « bloquer le pays » !

Par-delà cette bataille de chiffres, il est indéniable que cette grève a mobilisé les équipes syndicales. Des assemblées générales ont eu lieu les jours précédents dans des entreprises (en particulier dans la métallurgie), les manifestations ont été un réel succès dans de nombreuses villes (50 000 à Bologne) et les cortèges dynamiques. Les syndicats de base appelaient à leurs propres manifestations dans 28 villes (sur les 43), mais ils ont parfois rejoint les cortèges confédéraux (comme à Gênes, où le SI Cobas a manifesté avec la CGIL et l’UIL).

Si l’on ne peut pas parler de raz-de-marée, plusieurs dizaines de milliers de travailleurs ont manifesté leur volonté de riposte aux attaques du gouvernement et des patrons, ce qui tranchait avec certaines journées de « grève générale » du passé, appelées seulement pour le communiqué.

Landini, secrétaire de la CGIL, habitué des grandes déclarations, a déclaré que « le moment de la révolte sociale » est arrivé. Aux travailleurs de le prendre au mot, et de retrouver le chemin de la lutte, pour mettre un coup d’arrêt aux années de reculs imposés par les patrons et les gouvernements à leur service.

Thierry Flamand