« Nous ne parviendrons pas à avoir le retour d’une industrie dans notre pays sans avoir du protectionnisme », déclarait François Ruffin à propos de la fermeture des usines Michelin de Chollet et Vannes. Et il ajoutait, comme exemples à suivre, que Trump sait le faire, et qu’en France « ce qui a été fait en matière de matériel de défense est un modèle de tentative de souveraineté sur un secteur ». Roulons français, mangeons français, tuons français !
Le 12 novembre c’est le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, qui est allé du même couplet : si Trump renforce le protectionnisme américain, la France se défendra. En Europe nous étions « sous le dogme du libre-échange »… « eh bien l’Europe a changé », dit-il. Mêmes sornettes que Ruffin, avec juste un peu plus de nuances : si la fermeture des frontières ou la hausse des droits de douane peuvent arranger certains patrons, elles pourraient bien handicaper ceux qui exportent. Pour les satisfaire tous, entre libre-échange et barrières douanières, il faudrait choisir au cas pas cas, explique le ministre.
Le problème est que ces mêmes arguments, qui ne sont que des choix dans les guerres économiques que les patrons se livrent entre eux, sont souvent repris par les directions syndicales à tous les niveaux : pour sauver nos emplois, il faudrait défendre nos patrons de la concurrence des patrons d’en face, ou faire que le Doliprane reste propriété de Sanofi plutôt que d’un fonds de pension américain. Sans parler de tous les défenseurs de gauche ou syndicaux des « relocalisations », comme si notre vie allait être meilleure si nous exportions notre chômage chez le voisin. Et si en retour les « voisins » cherchaient à exporter leur chômage ici ?
O.B.