Nos vies valent plus que leurs profits

Élections anticipées en Allemagne

Le chancelier social-démocrate Olaf Scholz (SPD) a perdu sa majorité parlementaire après la rupture de la coalition gouvernementale avec le parti libéral FDP. Le parlement allemand sera donc dissout et les élections qui étaient prévues pour septembre prochain sont avancées au 23 février.

Les trois partis de la coalition SPD-Verts-FDP, qui avaient réuni 52 % des suffrages aux élections de 2021, se sont largement discrédités et recueillent à eux trois autour de 30 % dans les sondages, moins que le parti conservateur CDU à lui tout seul. Ce sera donc très probablement le candidat de la CDU, Friedrich Merz, qui sortira prochain chancelier de ces élections anticipées.
Scholz, à la tête du gouvernement, restera surtout dans les mémoires pour la doctrine du « changement d’époque » (Zeitenwende) qu’il a annoncée après l’invasion de l’Ukraine par les troupes russes en février 2022. Cela s’est traduit par une militarisation, un réarmement sans précédent de l’Allemagne et des discours prêchant l’austérité au nom des dépenses pour la « sécurité » : « des canons sans beurre », selon l’expression d’un proche du ministre des Finances.

Mais Scholz est aussi le chancelier de la chasse aux immigrés, qui a annoncé en automne 2023 : « Nous devons enfin expulser à grande échelle ! » Évidemment, tous les discours et mesures anti-immigrées n’ont pas empêché – bien au contraire ! – la montée de l’extrême droite de l’AfD, qui atteint actuellement presque 20 % dans les sondages.

Si Merz est chancelier demain, les attaques contre les travailleurs, immigrés ou non, se durciront encore. Merz est ancien président du conseil de surveillance de la filiale allemande de BlackRock, le plus gros fonds d’investissement au monde. C’est donc un vrai représentant de la très grosse bourgeoisie d’affaires, qui était déjà, au temps de Merkel, le chef de file de l’aile la plus droitière de la CDU.

La classe ouvrière, qui fait face dans ses bastions de la métallurgie et de la chimie à une vaste offensive contre l’emploi (bien que les profits continuent d’y être rois), et une partie de la jeunesse, n’auront à compter que sur leurs propres mobilisations et luttes pour s’opposer à ce nouveau « coup de barre à droite » (Rechtsruck) !

25 novembre 2024, Toni Robert