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À la RATP, le « sac à dos social » est percé

Les trois premiers appels d’offres pour le réseau parisien ont été emportés par Keolis et la RATP (via sa filiale RATP Cap IDF). Rester au sein du groupe RATP n’est en rien une garantie pour les travailleurs. C’est la RATP qui, en 2023, a supprimé six jours de repos et allongé la durée quotidienne de travail de 50 minutes par jour, sous prétexte déjà de préparer l’ouverture à la concurrence.

La direction cherche à rassurer les salariés en disant que les rémunérations seront maintenues après le transfert, c’est ce qu’elle appelle le « sac à dos social ». En réalité, le salaire de base sera plus faible, car c’est sur ce critère que se « jouera » l’appel d’offres. Pour maintenir la rémunération au niveau actuel, les filiales verseront une indemnité dite « différentielle ». Mais cette différentielle diminuera à mesure que le salaire de base augmentera dans la nouvelle filiale : cela signifie une stagnation de la paie pour les salariés transférés.

La prime différentielle est un outil de division qui renvoie chacun à son calcul individuel et multiplie les modes de rémunération. À la RATP, les embauchés après le 1er janvier 2023 ne touchent déjà pas le même salaire que leurs collègues plus anciens, pour le même travail. Cela avait fait naître un mouvement de « jeunes embauchés » au printemps 2024. Les transferts futurs en rajouteront une couche car les travailleurs nouvellement embauchés par les filiales n’auront le droit qu’aux salaires et primes de base, mais pas à l’indemnité différentielle.

Les travailleurs de la RATP ne doivent pas se laisser diviser, ni attendre qu’un nouveau patron mette la main sur leur dépôt, mais se préparer à mener une bataille commune dans les mois à venir pour les salaires et les conditions de travail.

Selma Labib

Cet article est paru dans un dossier de Révolutionnaires no 24

Sommaire du dossier

  • DOSSIER — Transport : ouverture à la concurrence