Nos vies valent plus que leurs profits

Incendies à Los Angeles

7 janvier 2025, photo de Ariam23, source : wikipedia

200 000 habitants de la région de Los Angeles ont déjà dû évacuer leurs habitations, pour fuir les plus grands incendies de l’histoire de la ville. Le même nombre se prépare à évacuer, alors que 10 000 structures ont disparu sous les flammes. L’air est irrespirable, le ciel est rouge, une dizaine de personnes, au moins, ont déjà perdu la vie. En plus des scènes apocalyptiques, la puissance des feux inquiète, tant ils sont incontrôlables. À l’image du feu de West Hills, apparu dans la nuit de jeudi à vendredi, et qui a ravagé 400 hectares dans la seule nuit. Il n’est toujours pas maîtrisé à l’heure où nous écrivons.

La saison californienne des feux de forêts s’étale normalement de mai à octobre mais les conséquences du dérèglement climatique se font de plus en plus sentir. Et, résultat d’un temps très sec et de vents élevés, ils se produisent maintenant en plein janvier.

Les gouvernants soufflent sur les braises

Cette catastrophe est annoncée de longue date par les scientifiques, et surtout par les feux intenses de ces dernières années, devenus habituels. Mais, de même qu’ils ont sabré dans les aides sociales et la santé, les gouvernants ont continué de réduire les moyens de prévention et de réponse aux incendies.

Ainsi, la maire de Los Angeles a réduit cette année le budget des pompiers de 17 millions de dollar, tout en augmentant celui de la police de 126 millions ! Le gouverneur de l’État, Démocrate lui aussi, avait déjà réduit de 100 millions de dollars les dépenses de prévention des feux l’an dernier. Et, pour expliquer pourquoi de nombreuses bouches d’incendie sont défectueuses, il n’a rien trouvé de mieux que de repasser la patate chaude aux conseils municipaux.

Parmi les soldats du feu qui s’activent en première ligne contre l’incendie, près de 800 sont des détenus qui touchent entre 5,80 (5,63 euros) et 10,24 dollars (9,93 euros) par jour, ou jusqu’à 26,90 dollars (26,23 euros) pour des plages de 24 heures d’affilée. Une forme d’esclavage, alors même qu’une fois libres, très rares sont ceux qui parviennent à se faire engager par les pompiers. Le recours à ces « volontaires » permet d’économiser des millions de dollars sur les salaires.

Les riches fournissent le combustible

Si les moyens manquent, c’est parce que gouvernants, élus locaux, étatiques ou fédéraux, démocrates ou républicains, préfèrent subventionner les grandes entreprises. La Californie est le siège d’une bonne partie des plus grandes entreprises du monde, comme Apple ou Nvidia, mais aussi Chevron, le géant pétrolier. L’argent public subventionne ces capitalistes, qui se gavent aussi d’exonérations d’impôts, à l’instar du « water’s edge », une astuce fiscale qui leur permet de ne pas déclarer les revenus réalisés en dehors de la frontière maritime de l’État. Pratique pour les pétroliers offshores !

Pourtant, ce sont eux les responsables de la crise. Ils organisent la production et la distribution des marchandises selon leurs seuls profits, sans égard pour la protection du climat ou des populations. Un seul exemple de cette aberration : Chevron a annoncé hier la mise en activité de sa nouvelle plateforme Whale dans le golfe du Mexique, pour atteindre ses objectifs records de 300 00 000 barils de pétrole par jour extraits dans le golfe. Pour la joie de ses actionnaires, après les 75 milliards de dollars de marge brute réalisée en 2024.

Dans leur course au profit, les capitalistes sont prêts à laisser la planète brûler. Mais leur pouvoir n’est pas une fatalité, pas plus que ces feux. Il est possible de les combattre, en leur opposant notre solidarité, à l’instar de tous les bénévoles et des milliers de pompiers qui s’activent contre les incendies.

Louis Trova