Nos vies valent plus que leurs profits

Discours de Bayrou : seule une gauche bien soumise pouvait croire au changement !

On nous avait annoncé que ce que dirait Bayrou des retraites dans son discours devant l’Assemblée nationale donnerait l’orientation de son gouvernement. Eh bien, c’est chose faite ! On laisse en place une réforme imposée par Macron-Borne contre la volonté de l’immense majorité des travailleurs et même de la population en général. L’orientation à droite toute se poursuit.

La tenue d’un « conclave » entre syndicats et patronat supposé permettre de modifier les « injustices » de la loi est totalement bidon : en annonçant qu’en cas d’échec dans les trois mois, c’est la loi actuelle qui resterait en place, Bayrou a donné dans les faits un droit de veto au Medef, qui avait plébiscité la réforme, puisqu’il lui suffit de faire traîner les négociations au-delà de trois mois pour que la réforme actuelle continue à s’appliquer. D’ailleurs, pour qui aurait eu encore des illusions, le « conclave » qui devait débuter vendredi 17 janvier, a été reporté dans un premier temps… avant que Matignon n’annonce en catastrophe son maintien : la mascarade devenait un peu trop évidente !

La CFDT, qui s’était précipitamment réjouie de cette prétendue ouverture, se ridiculise. Tout comme le PCF, les Verts et surtout le PS qui claironnaient avoir obtenu des promesses de la part de Bayrou qui justifiaient ce qu’ils ont qualifié d’accord de non-censure, c’est-à-dire un soutien de fait au gouvernement.

Bayrou a peut-être bafouillé son texte devant l’Assemblée nationale, mais pas sa politique, qui est dans la continuité des politiques anti-ouvrières de tous les gouvernements Macron. Retraites, assurance-chômage, suppressions de postes dans l’Éducation nationale, Bayrou ne touche à rien. Il espère tenir le plus longtemps possible, tenu d’offrir des gages au RN en tant qu’otage consentant. L’objectif est d’éviter que son gouvernement ne chute avant juin prochain, pour que, dans ce cas, Macron ait la possibilité de dissoudre l’Assemblée plutôt que de mettre sa démission dans la balance.

On ne sait pas si les partis du NFP, hors Insoumis, ont vraiment cru le bonimenteur de Matignon, mais les travailleurs, eux, n’ont vraiment aucune raison de croire ni en cette gauche bien soumise, ni dans les directions syndicales qui s’apprêtent à accepter trois mois de discussions inutiles avec le patronat. Il est de plus en plus urgent que la lutte de classe remplace le bla-bla parlementaire !

Jean-Jacques Franquier