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Argenteuil en colère : les écoles dans la galère !

Mardi 8 avril, des écoles, collèges et lycées d’Argenteuil (Val-d’Oise) et des villes voisines étaient en grève. Plus de deux cents travailleurs et travailleuses de l’éducation et de la fonction publique territoriale, accompagnés par des parents et des élèves, ont manifesté de la mairie d’Argenteuil à la sous-préfecture. La mairie (LR), qui fait face à une grève des agents municipaux depuis la fin du mois de mars, avait même barricadé ses accès !

La grève a été parfois majoritaire, comme à l’école Ambroise Thomas d’Argenteuil, fermée pour la journée, qui devrait subir à la rentrée deux fermetures de classes et des pertes d’agentes territoriales spécialisées des écoles maternelles (Atsem), alors que déjà cette année, cette école souffre – comme beaucoup d’autres – du non remplacement de professeurs et d’accompagnantes d’élèves en situation de handicap (AESH).

La grève a été très suivie dans des lycées d’Argenteuil, comme Jean Jaurès, Julie-Victoire Daubié, Fernand et Nadia Léger, qui vont perdre à la rentrée des heures d’enseignement – autrement dit, voir exploser le nombre d’élèves par classe – et avaient pour certains déjà obtenu des audiences à la direction des services départementaux de l’Éducation nationale (DSDEN), sans réponses à leurs revendications.

Même des collèges de quartiers populaires, qui vont gagner des heures et ouvertures de classes à la rentrée, ont suivi le mouvement, avec parfois des grèves majoritaires, comme au collège Jean Moulin de Sannois, ou des opérations « école morte », les parents n’envoyant pas leurs enfants en classe, comme au collège Claude Monet d’Argenteuil. Car là non plus, l’augmentation du nombre d’élèves n’est pas accompagnée par davantage de personnels de vie scolaire (CPE, surveillance), d’accompagnement des élèves en situation de handicap, de santé ou d’assistance sociale. Quant aux heures d’enseignement, elles sont en grande partie accaparées par la réforme toujours en cours du « choc des savoirs », avec les « groupes de besoin » de mathématiques et de français en sixième et cinquième. Cette réforme, en plus d’opérer un tri social entre les élèves, est source d’une grande désorganisation dans les services, faisant disparaître dans les autres disciplines des heures de demi-groupes pourtant bien utiles.

Dans l’après-midi, une délégation des grévistes et parents d’élèves a été reçue à la DSDEN. Sans surprise, il n’en est rien ressorti de concret. Mais désormais l’habitude est prise : nous irons porter nos revendications ensemble et pas école par école ou établissement par établissement. La hiérarchie ne pourra ainsi plus nous mettre en concurrence, nous balader en prétendant qu’elle ne peut accéder aux revendications des uns, car elle a déjà concédé des avancées aux autres.

Alors que les directions syndicales nationales ne donnent aucune perspective d’action à la colère pourtant immense dans les entreprises comme dans les services publics, les travailleurs et travailleuses de l’éducation du Val-d’Oise sud ont décidé de ne pas attendre. À l’initiative de l’équipe du lycée Fernand et Nadia Léger, deux assemblées générales ont eu lieu en mars pour prendre cette initiative et l’organiser. Elles ont réuni des collègues membres de différents syndicats (CGT, FSU et SUD) ou non syndiqués, forçant leurs directions à suivre le mouvement.

Une prochaine AG aura lieu à la rentrée des vacances d’avril, avec la volonté de continuer la mobilisation en entraînant encore plus largement.

Correspondants