De Rockstar à tueur : l’affaire Bertrand Cantat
Zoé de Bussierre, Karine Dusfour, Anne-Sophie Jahn et Nicolas Lartigue
Documentaire Netflix, 2025
Dans la nuit du 26 au 27 juillet 2003, l’actrice Marie Trintignant est assassinée, rouée de coups par son compagnon, Bertrand Cantat.
On ne parle alors pas de féminicide. Pire, Marie Trintignant est diabolisée, tenue responsable de son propre meurtre. À l’inverse, Cantat est posé en victime de sa propre passion, de la passion d’un couple trop « intense » où les responsabilités sont partagées dans la violence. À l’opposé de cette idée d’un Cantat trop passionné, le documentaire nous présente une autre facette, celle d’un cogneur de femmes dont Marie Trintignant n’est pas la seule victime. Sa femme Kristina Rady aurait aussi subi les violences du chanteur. Elle s’est suicidée en 2010, trois ans après la libération de Cantat et son retour à leur domicile.
En somme, le documentaire rappelle que Marie Trintignant et Kristina Rady ne sont pas des victimes de la passion, que ce n’est pas la faute de la passion si chaque année, en France, une centaine de femmes sont tuées par leur conjoint ou ex. C’est bien la faute d’un système patriarcal où les femmes sont considérées comme des objets au service des hommes, qu’ils peuvent utiliser, puis jeter, tuer, sans en subir les conséquences, à l’image de Cantat dont le retour sur scène en 2013 a été un succès à la fois médiatique et dans les salles de concert, malgré une très forte opposition dans les milieux féministes.
Affaire Pelicot, affaire Le Scouarnec, affaire Depardieu, meurtre de Chahinez Daoud : autant d’affaires qui nous montrent que les violences sexistes et sexuelles sont toujours d’actualité douze ans après le meurtre de Marie Trintignant. C’est aussi ce qui rend ce documentaire indispensable : dénoncer les violences patriarcales, et en finir avec l’impunité.
Anaïs Darmony
