
La profession médicale s’agite autour de la loi Garot, qui prévoit une régulation de l’installation des médecins dans les zones « sur-dotées » cherchant à favoriser l’installation en zones sous-dotées. Une mesure que les syndicats de médecins appellent « coercition ». Le 25 avril, Bayrou a proposé d’alléger cette contrainte, la limitant à l’obligation de consulter deux jours par mois dans un désert médical proche de son cabinet. Un recul salué par les syndicats étudiants, qui maintiennent néanmoins la journée de grève du 29 avril contre la proposition de loi initiale.
Cette grève, loin d’être un combat pour l’accès aux soins, est le résultat du corporatisme d’une profession qui défend ses privilèges. La formation repose entièrement sur la collectivité, dans les CHU. Pourquoi alors considérer que les médecins devraient être libres de s’installer uniquement là où cela les arrange, comme de simples entrepreneurs du soin ? La régulation de l’installation en zone « sur-dotée » existe déjà pour les soignants libéraux, comme les infirmières ou les kinésithérapeutes. Dans une société tournée vers l’intérêt général, la priorité serait d’organiser la répartition des soignants, médecins compris, pour assurer un accès équitable aux soins, non de défendre des intérêts privés sous couvert de « liberté ».
Pour autant, en pointant du doigt les médecins, le gouvernement cherche à détourner l’attention de ses propres responsabilités. Le problème des déserts médicaux ne naît pas seulement d’une mauvaise répartition des praticiens : il s’enracine dans des décennies de politiques d’austérité qui n’ont fait qu’amputer la permanence des soins. Du côté de l’hôpital, en dix ans, plus de 40 000 lits ont été fermés. Les urgences débordent et les hôpitaux deviennent des machines à broyer le personnel et à maltraiter les patients.
Du côté de la médecine de ville, les centres de santé ferment, comme celui de Stalingrad à Paris. La suppression du numerus clausus fait entièrement reposer le nombre d’étudiants sur la capacité d’accueil d’universités à la merci de coupes budgétaires.
Réguler l’installation des médecins est utile, mais cela ne réparera pas un système exsangue.
Contre un gouvernement qui fait la preuve de son mépris pour la santé de la population, la seule réponse sera collective : celle d’une mobilisation de tous les métiers du soin, pour exiger des moyens et un véritable droit à la santé pour tous et toutes.
26 avril 2025, Cécile Naquet