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NAO chez Ikea France : notice de l’exploitation patronale

Du 14 mai au 18 juin se sont tenues les négociations annuelles obligatoires chez Ikea France. L’entreprise a refusé l’augmentation collective demandée par les syndicats et propose des augmentations individuelles dérisoires qui reviendront en majorité aux cadres.

3,7 milliards de chiffre d’affaires, pas un euro pour les salaires

Ikea est la plus grande enseigne de meubles en France, avec un chiffre d’affaires de 3,7 milliards en 2024. Pourtant, 80 % des salariés sont au Smic et la direction refuse une augmentation collective. À la place, elle propose des augmentations individuelles, basées sur la performance des salariés : si les objectifs ne sont pas atteints, rien. S’ils le sont, une augmentation d’1,5 %, et s’ils sont dépassés, de 2,4 %. Ces augmentations individuelles concernent seulement 17 % des salariés non-cadres. Les objectifs sont bien sûr toujours plus hauts et donc difficiles à atteindre. En parallèle, Ikea utilise des sous-traitants qui paient encore plus mal. C’est le cas de l’entretien des magasins, sous-traité à une entreprise qui paie une misère des travailleurs en situation irrégulière. Une manière de diviser les équipes au sein d’un même magasin et de faire pression sur l’ensemble des travailleurs.

Des grèves en pièces détachées

L’intersyndicale CGT-CFDT-FO a appelé à la grève de manière éparpillée. Plusieurs débrayages ont eu lieu au cours des dernières semaines : à Lyon, Strasbourg, Nice, en région parisienne, la majorité des magasins du pays ont débrayé. C’est aussi le cas de certains entrepôts, eux aussi concernés par les NAO. Par exemple à La Maxe, près de Metz, où 80 % des salariés de l’entrepôt central étaient en grève vendredi 20 juin. Presque aucune palette n’entrait ou ne sortait du site, y compris depuis le magasin situé à quelques mètres. Ce même magasin a lui aussi connu un débrayage… le lendemain. Samedi 21 juin, sur les 200 salariés, une quarantaine, de différents services, a tenu un piquet devant le parking. Un bon début pour un magasin dont la dernière grève remonte à cinq ans.

Mais à Ikea comme ailleurs, il faudra assembler ces grèves en pièces détachées pour mettre la pression sur la direction et obtenir des salaires décents.

24 juin 2025, Blaise Wright