La proposition de loi sur l’audiovisuel public présenté par la ministre de la Culture, Rachida Dati, a été rejetée par le Parlement lundi 30 juin par 94 voix contre 38. Cette réforme, déjà présentée en mai 2024 et plusieurs fois reportée, prévoit la création d’une holding baptisée « France Médias », chargée de chapeauter trois sociétés jusqu’alors indépendantes : Radio France, France Télévisions et l’Institut national de l’audiovisuel (INA).
Cette mesure, soutenue par la droite et la macronie, est défendue au nom de la résistance et de la compétitivité face aux plateformes comme Netflix. En réalité, elle permettrait surtout, dès la fusion, des économies de personnel et des diminutions d’effectifs, voire des licenciements. Sans doute également des économies sur les programmes. Les syndicats et beaucoup de salariés craignent également que cette nouvelle structure, avec une direction liée directement au pouvoir, n’accentue les possibilités de contrôle et de censure par l’exécutif. Une sorte de retour à l’ORTF des années 1960 en somme !
Le vote de rejet de l’Assemblée nationale, s’il est un camouflet pour Rachida Dati, ne marque pourtant pas l’abandon de cette proposition de loi : c’est maintenant au tour du Sénat d’en débattre et il se pourrait bien qu’elle soit alors adoptée.
Heureusement les travailleurs et travailleuses de ces entreprises ne l’entendent pas de cette oreille. Au moment du passage à l’Assemblée nationale, ils ont entamé, à l’appel des syndicats, une grève particulièrement massive dans tout le pays, jusqu’à 90 % de grévistes à France Inter par exemple, et ont tenu d’importantes manifestations. Après le rejet du texte au Parlement, le travail a repris, mais si ce projet de loi devait passer malgré tout, au Sénat pour commencer, les employés et les syndicats ont déjà annoncé être prêts à une grève illimitée. C’est bien la voie à suivre pour obtenir le retrait définitif de cette loi.
8 juillet 2025, Michel Grandry