Nos vies valent plus que leurs profits

Iran : après la guerre, la répression

Au lendemain du cessez-le-feu avec Israël, 700 arrestations ont été annoncées en Iran pour des faits d’espionnage en faveur du Mossad et d’aide à l’armée israélienne. Elles ont principalement eu lieu dans les provinces de Kermanchah, où vit une partie de la population kurde, d’Ispahan, le centre industriel du pays, ou encore du Khouzistan, où vit la minorité nationale arabe. Elles sont sans doute bien plus nombreuses, notamment à Téhéran et au Kurdistan.

Depuis le mois de juin, au moins six prisonniers ont été exécutés, dont trois Kurdes enfermés depuis 2020. La justice s’est même dotée de tribunaux spéciaux pour juger, en toute hâte et en toute négation des droits élémentaires de la défense, les « traîtres et mercenaires ».

Les intimidations sont permanentes, avec l’envoi massif de SMS pour indiquer de ne pas suivre certains comptes sur les réseaux sociaux, ou avec l’interdiction de posséder des équipements de communication numérique pouvant échapper au contrôle des autorités.

Les cas de Cécile Kohler et Jacques Paris, ces enseignants français emprisonnés depuis mai 2022 dans des conditions inhumaines, désormais accusés d’espionnage pour le Mossad, de « corruption sur Terre » et de « complot pour renverser le régime », illustrent bien le sort des centaines, voire milliers de prisonniers, syndicalistes, jeunes contestataires du mouvement « Femme, vie, liberté », membres de minorités nationales, notamment kurdes et baloutches, immigrés afghans, boucs émissaires habituels des politiques sécuritaires et des discours nationalistes du régime.

Autant de prisonniers qui auraient pu périr dans le bombardement de la prison d’Evin, preuve que ce ne sont certainement pas eux qui ont aidé l’armée israélienne à mener ses assassinats ciblés de scientifiques et de militaires, et que ce ne sont pas eux non plus que Netanyahou et Trump souhaiteraient voir au pouvoir en Iran – ce bombardement sonne au contraire comme un avertissement : pour eux, pas question que ce soit le peuple iranien qui choisisse qui remplacerait les mollahs actuellement au pouvoir.

Dans ce pays, miné par l’inflation et le chômage, dont l’économie, toujours structurée par la rente pétrolière et totalement dépendante du commerce avec la Chine, étroitement régenté par le corps militaro-financier des Gardiens de la révolution… ce ne sont pas tant les pressions impérialistes qui font trembler le pouvoir, que la contestation populaire et ouvrière.

8 juillet 2025, Jean-Baptiste Pelé