Quatre ans après sa saisine par le ministère de la Santé, la Haute Autorité de santé (HAS) a publié ses recommandations sur la prise en charge des transitions de genre le vendredi 18 juillet.Tous les rapports produits par la HAS sont le produit d’un consensus d’experts (soignants, associations, usagers), ce qui permet d’avoir la meilleure compréhension de toutes les situations. Pourtant, durant la rédaction du rapport, les médias de droite et d’extrême droite ont critiqué la composition du groupe de travail dédié, visant en réalité le sujet même du rapport. Leurs pressions ont retardé sa publication, la HAS reculant même sur la question des mineurs entre 16 et 18 ans.
Les recommandations vont dans le sens de la plupart des revendications des associations et suivent aussi les préconisations de l’OMS de 2018. Ce qui permet d’avancer quelque peu vers une autodétermination pour les adultes trans et une « dépathologisation » : la psychiatrie contemporaine a fini par remettre en cause l’idée que la transidentité serait un trouble mental. Un adulte souhaitant engager une transition de genre ne sera plus obligé d’en passer par un diagnostic posé par un psychiatre. Et la grande majorité des ordonnances pourront être délivrées par le médecin généraliste et non plus par un endocrinologue. Sous les pressions des milieux réactionnaires, la HAS avait annoncé en 2022 que son rapport ne concernerait pas les moins de 16 ans, contrairement à celui de l’OMS, laissant de côté la prise en charge pour les mineurs que cela pourrait soulager d’une véritable souffrance psychologique, alors même qu’il est justement scientifiquement possible d’agir de façon réversible lorsqu’il s’agit de jeunes à l’âge de la puberté. Mais, contrairement à ce qui était prévu, le rapport a aussi écarté les jeunes de 16 à 18 ans. Un mauvais coup obtenu par la pression de tous les culs bénis qui poussent des cris d’orfraie dès lors qu’il est question de genre – ou simplement d’éducation à la sexualité ! –, mais se font bien moins bruyants face aux abus sexuels au sein des institutions religieuses !
Si ce rapport est un petit pas un avant, il faudra de vrais moyens, car le personnel soignant manque partout, et le risque est toujours là que les gouvernements réactionnaires attaquent les droits acquis de toutes les minorités.
Abel Toshed