
Lundi 22 septembre, à la surprise générale, la direction a annoncé trois semaines d’arrêt de l’usine du 13 au 31 octobre (12 jours de chômage et 3 jours de congés imposés) pour la quasi-totalité des 2 000 salariés du site. Les sous-traitants internes et les équipementiers externes (Lear, MC Synchro, Forvia, OP Mobility…) vont eux aussi être concernés.
La direction prétend qu’il y a une baisse des ventes mais refuse de donner les chiffres. En réalité, elle se prépare à reconfigurer la production à la baisse à partir de novembre pour aller vers le passage de deux équipes de production (matin et après-midi) à une seule pour début 2026, et ensuite fermer l’usine définitivement en 2027. En effet, le principal véhicule fabriqué à Poissy, l’Opel Mokka, est en fin de vie, et aucun projet n’est prévu ensuite. Pour tenter de rassurer, la direction évoque vaguement de nouvelles activités industrielles mais pas de production de véhicules ni aucun investissement, rien de concret.
D’abord soulagés de ne pas venir pendant trois semaines dans ce bagne qu’est l’usine, les ouvriers sont pourtant inquiets de la perte de revenus (200 euros en moins sur la paye) et pour l’avenir : tout le monde se rend compte qu’il y a une accélération dans le projet de fermeture. Face à la médiatisation de l’annonce, les amis syndicalistes de la direction mais aussi Karl Olive, député macroniste local, ont dû accourir dans les émissions TV pour expliquer que le chômage était prévu depuis janvier dernier pour raisons techniques… persuadant peut-être des téléspectateurs mais achevant de se ridiculiser aux yeux des ouvriers de l’usine.
Hasard du calendrier, le lendemain, à la mairie de Poissy avait lieu la première rencontre officielle entre les dirigeants du PSG, la maire et Valérie Pécresse la présidente du conseil régional d’Île-de-France. Son but est de lancer les discussions approfondies sur le projet des milliardaires qataris, qui possèdent le PSG, d’acquérir 70 des 150 hectares des terrains de l’usine de Poissy pour construire un PSG Land (stade de 90 000 places, hôtels et restaurants de luxe…). Longtemps ce projet à un milliard d’euros a été top secret, maintenant il est évoqué publiquement mais le contenu des négociations reste confidentiel. Puisque cela se fait dans le dos des premiers concernés : les salariés de Stellantis Poissy, ceux-ci ont saisi l’occasion pour improviser le jour même un rassemblement devant la mairie de Poissy et convoqué les médias, une délégation de l’usine de Renault Flins est venue en solidarité.
L’arrivée du PSG Land ne laisse aucun espoir sur la poursuite d’une activité industrielle sérieuse sur la portion du terrain restant : les ouvriers ont dénoncé les tractations qui se font dans leurs dos, crié leur refus de la fermeture du site et réclamé des garanties de la direction contresignées par l’État dès aujourd’hui, pour les emplois, salaires, reclassements, pré-retraite, indemnités acceptables… tout ce pour quoi les salariés devront se battre.
Les vidéos ont tourné en boucle dans l’usine, beaucoup salariés se sont reconnus dans cette action.
La semaine précédente, lors de la manifestation du 18 septembre, les salariés de Stellantis Poissy avaient été à l’initiative d’un cortège automobile regroupant les salariés Sud, CGT et sans étiquette de Renault Flins, Lardy et Guyancourt.
Ce vendredi 26, les salariés d’OP Mobility à Flers près de Douai, sous-traitant de Stellantis, eux aussi menacés par des suppressions de postes et la fermeture de leur site, sont venus protester devant le campus Stellantis de Poissy, rejoints par des ouvriers de l’usine.
Un des enjeux majeurs pour gagner face à Stellantis sera pour nous de trouver un maximum d’alliés et de se coordonner avec des salariés d’autres entreprises menacées par les licenciements pour faire plier la direction de Stellantis, ses amis politiciens, et le patronat en général.
Correspondant, le 26/09/2025
