Nos vies valent plus que leurs profits

La lutte pour le droit au logement en Espagne

Suite à la crise économique mondiale de 2008, l’Espagne a connu sa propre crise des subprimes, plusieurs bulles immobilières ayant entrainé une variante locale de la crise. Après quoi de nombreuses familles aux revenus modestes se sont vues dans l’incapacité de payer leurs crédits d’achat de logement. Menacés d’expulsion par les banques si elles ne payaient pas, des milliers de personnes ont été mises à la rue, certaines se sont même suicidées en apprenant que leur logement allait être saisi.

Face à cette violence, les habitants concernés ont cherché à tisser des liens entre eux afin de s’organiser contre les expulsions et pour faire valoir leur droit au logement. Cette mobilisation s’est structurée notamment autour de la Plataforma de Afectados por la Hipoteca, ou PAH (Collectif des concernés par l’hypothèque). Elle a été fondée en 2009 à Barcelone, puis s’est étendue dans tout le pays. Lorsqu’ils apprenaient qu’une expulsion allait avoir lieu, les habitants mobilisés se regroupaient en sit-in et empêchaient les commissaires de justice d’agir. Le réseau de la PAH joue depuis plusieurs années un rôle moteur dans la lutte pour l’accès au logement et est à l’initiative de manifestations qui, chaque année, réunissent des milliers de personnes, en particulier en 2025 où les manifestations ont été remarquablement fournies.

En Espagne, comme partout mais de manière plus accentuée, l’accès au logement est très difficile pour la plupart des travailleurs, en particulier pour les jeunes. Les grands propriétaires (20 %) concentrent la plupart des logements locatifs (60 %) et nombreux sont ceux qui préfèrent les louer par Airbnb pour les touristes plutôt qu’à l’année. Derrière l’accusation que la faute serait au tourisme de masse, ce sont en réalité, comme toujours, les choix des possédants pour maximiser leurs profits qui laissent les plus pauvres sur le carreau. La loi pour le logement, les quelques aides sociales au logement mises en place par le gouvernement de Pedro Sánchez sont de biens maigres pansements face à un problème de fond, qui impliquerait de s’attaquer à la propriété des banques et des bailleurs sociaux pour garantir que tout le monde ait un logement digne.

Jean Einaugig

 

 


 

 

Un toit, un droit ! — Sommaire du dossier de Révolutionnaires no 42