Nos vies valent plus que leurs profits

Communiqué. Pour le monde du travail et la jeunesse, la solution ne viendra pas des urnes. Organisons-nous par nos luttes et nos grèves !

À peine le temps de scander « Lecornu dégage » qu’il a déjà plié boutique, emportant avec lui son gouvernement éclair de ministres recyclés… avant de gagner un nouveau sursis jusqu’à mercredi soir. Spectacle désolant que cette instabilité parlementaire ? Cela ne nous fera pas pleurer ! Pour une fois, les institutions de cette république pour les riches connaissent même un dixième des remous qui constituent notre quotidien de travailleurs. Même si ces ministres du dimanche soir toucheront plus d’indemnités pour avoir été douze heures en poste que les ouvriers de Stellantis Poissy licenciés après trente ans à la chaîne. Ces jeux politiciens sont d’autant plus risibles qu’une très large majorité des partis de l’assemblée, du PS au RN, sont prêts à voter un budget de guerre sociale comme le budget de Bayrou. Mais tous savent aussi combien d’électeurs ils perdraient en 2027 s’ils en prenaient la responsabilité. Blocage, car le grand patronat, la classe qui dirige vraiment la société, exige de poursuivre son offensive anti-sociale, quoi qu’il en coûte aux politiciens qui prétendent les représenter.

Mascarade politicienne de la droite et de l’extrême droite

Macron fait passer le message qu’il ira jusqu’au bout de son contrat avec le patronat : une offensive anti-sociale maximum. Impopulaire, détesté, fragilisé, en crise désormais permanente, c’est le prix qu’il accepte de payer pour sa politique au service des milliardaires. Leurs profits passent avant sa cote de popularité, quel sens du devoir !

Bien sûr, cette instabilité politique commence à inquiéter ses donneurs d’ordre, les marchés financiers, qui ont accusé le coup après la démission de Lecornu. Tous les partis font mine de regretter cette situation et se renvoient la balle. Retailleau, qui a tiré à boulets rouges sur ce gouvernement dont il était pourtant le ministre de l’Intérieur, explique qu’il n’est pas responsable de sa démission. Les partis macronistes d’Attal, de Philippe ou de Bayrou, se désolent de l’incapacité des autres à trouver des compromis, tout en exigeant qu’ils rallient leurs propres positions. Le RN, de son côté, appelle à de nouvelles élections législatives, car il est persuadé de les remporter tant sa démagogie raciste et sécuritaire est reprise et validée par tous les partis du gouvernement – tout en prévenant que lui aussi mènerait la même politique au service des riches et des patrons.

Et illusions politiciennes de la gauche institutionnelle

Le PS, les Verts et le PCF rappellent Lucie Castet, leur candidate de l’an dernier au poste de Première ministre, en insistant sur le fait qu’elle sera capable de tous les compromis avec la droite… C’est sûrement la seule promesse qu’elle tiendrait ! La FI de Mélenchon appelle à une élection présidentielle, ayant un tour d’avance sur la candidature qu’elle présenterait. Cette posture apparaît plus radicale que celle du reste de la gauche, qui mendie des strapontins ministériels. Mais elle n’offre pas d’autre horizon qu’une nouvelle élection. Et en bien mauvaise compagnie, puisque la FI tente de ressusciter le Nouveau Front populaire. Quelle impasse pour cette gauche qui se prétend de « rupture », mais qui, à chaque élection législative, ressuscite le PS dans le but de gouverner avec lui.

Il semble loin ce temps où Jean-Luc Mélenchon et la FI appelaient à la grève générale… mais vantaient en même temps l’attitude responsable de l’intersyndicale, qui proposait une journée de grève interprofessionnelle le 18 septembre pour tenter de reprendre le contrôle de la coagulation des colères et des luttes, qui s’est exprimée spectaculairement par la journée de grève et de blocage du 10 septembre. Une intersyndicale qui rend aussi bien des services à cette gauche, et qui – utile à rappeler – avait appelé à voter NFP il y a un peu plus d’un an !

Pas de fatalité à subir leur stratégie de la défaite et du tapis rouge déroulé au RN

Tous les partis qui aspirent à gouverner les institutions de la bourgeoisie partagent fondamentalement un programme commun : celui de protéger les intérêts du patronat et la place de l’impérialisme français dans le monde. Les pires ennemis des travailleurs, l’extrême droite, prétendent le faire en s’attaquant aux immigrés ; leurs faux amis de la gauche prétendent y associer un vernis social – du genre de l’aumône de 2 % qu’ils appellent taxe Zucman. Mais tous, y compris la France insoumise, s’accordent sur l’augmentation des budgets militaires et sur le nécessaire versement aux banques de cette rente inique que sont les intérêts de la dette de l’État.

Les partis qui représentent la bourgeoisie au Parlement sont en crise. Ils sont incapables de se mettre d’accord, non pas sur le fond puisqu’ils partagent le programme de l’offensive patronale, mais sur la façon de faire. Tant mieux ! C’est la dictature patronale, dont ils sont les relais parlementaires et dont cette crise politique n’est que le symptôme de son incapacité à faire vivre l’humanité, qui est à renverser. D’où des révoltes et une urgence : c’est nous qui travaillons, c’est nous qui devons décider ! Des centaines de milliers d’entre nous ont porté cette perspective dès le 10 septembre, avec l’ambition de tout bloquer par la grève générale. Dès que le gouvernement s’est imaginé que la parenthèse sociale de ce mois de septembre agité serait refermée, il a relancé son cirque politicien qui redonne l’initiative au RN ou à ses imitateurs comme Retailleau.

Une seule voie : ne pas tourner la page qui s’est ouverte le 10 septembre, et s’est prolongée le 18 septembre et le 2 octobre, comme le voudraient les directions syndicales et les partis de l’Assemblée. Avoir l’objectif, pour tout changer, de continuer à se mobiliser et tout bloquer. Mais pas au Parlement ! Par la grève, qui est l’arme des travailleurs, aux côtés de la jeunesse. Et dès maintenant, en discuter pour l’organiser par en bas. La vraie démocratie n’est ni dans les urnes, ni au Parlement, mais dans nos assemblées générales et nos manifestations. Pour faire vivre cette perspective d’un pouvoir des travailleurs, seul débouché aux crises du capitalisme, construisons un parti révolutionnaire aussi fidèle aux intérêts des classes populaires que Macron l’est à ceux des patrons !

Communiqué du NPA-R du 7 octobre 2025

 

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