Nos vies valent plus que leurs profits

Soundtrack to a Coup d’État et Muganga : deux films sur la barbarie capitaliste au Congo

Soundtrack to a Coup d’État (Bande-son pour un coup d’État), film documentaire de Johan Grimonprez

Le gouvernement américain qui utilise le jazz comme une arme culturelle, en pleine guerre froide ; des pays qui se décolonisent et tentent d’utiliser l’ONU en étant solidaires ; et la République démocratique du Congo (RDC) où la prise de pouvoir de Lumumba n’arrange pas la CIA en raison de son panafricanisme (volonté d’unir politiquement tous les pays africains) et de son anti-imperialisme. Telles sont les grandes lignes de ce documentaire.

En toile de fond, les immenses richesses en uranium et métaux rares du Congo que les États-Unis et l’Europe veulent conserver. Le documentaire retrace pourquoi Lumumba n’a été que sept mois au pouvoir à la tête de la RDC, avant son assassinat par la CIA et ses complices. Et comment l’impérialisme est capable de toutes les exactions et de tous les crimes, peu importe le prix humain, pour obtenir les ressources jugées nécessaires par le capitalisme. Le lien avec le film Muganga, celui qui soigne est fait au sein même du documentaire. Si le documentaire s’arrête sur les années 1960, le film, Muganga, reprend le récit depuis les années 1990 et éclaire lui aussi les conséquences des exactions des impérialistes pour capter les richesses.

Muganga, celui qui soigne, film de Marie-Hélène Roux

Le film se focalise sur le récipiendaire du prix Nobel de la paix 2018, Denis Mukwege. Il montre les pressions que subit ce gynécologue congolais et le fonctionnement de son hôpital (reconstruction physique, psychologique et sociale en direction principalement des femmes victimes de violences sexuelles) en mettant en avant deux histoires parallèles : celle du médecin qui reçoit un confrère belge et celle d’une femme victime, en chemin pour se faire soigner.

Parfois difficilement soutenable tant les conséquences des violences sur les femmes et les enfants sont abominables, ce film rappelle que la situation atroce de ces femmes victimes de guerre est le fruit de l’héritage colonial qu’ont laissé la Belgique et les autres puissances européennes. Il rappelle aussi le rôle des pays impérialistes et de leurs rapines des ressources en métaux rares, qui laissent pourrir la situation sur place afin de réaliser le plus de profit possible, faisant fi des conséquences humaines.

Léa Vesca