Nos vies valent plus que leurs profits

Ouvrez-moi la porte !

Le comité exécutif du NPA-L’Anticapitaliste publie sur son site une lettre qu’il a adressée aux organisations fondatrices du Nouveau Front populaire (NFP) : « … nous déplorons la décision d’exclure certaines organisations parties prenantes du NFP des discussions qui ont eu lieu ce mardi 7 octobre. » C’est vrai que c’est mesquin, alors qu’Olivier Besancenot se fait sur les ondes et réseaux sociaux, le porte-parole de la gauche, qui s’était alliée pour les législatives de 2024 (de Hollande à LFI, en passant par Glucksmann, les écolos, PS et PCF). Bien mesquin aussi, alors que Philippe Poutou a courageusement mené campagne en 2024 dans une circonscription allouée, parmi les moins gagnables !

Mais le plus déplorable est certainement la profession de foi en faveur d’une nouvelle alliance à gauche. Faudrait-il vraiment que toute cette gauche signe à nouveau, comme en 2024, un programme qui défend des crédits militaires, davantage de flics, aucune mesure coercitive contre les appétits patronaux ? Ou ne faudrait-il pas dénoncer ce programme ? À quel moment, au gouvernement dans le passé, cette gauche a-t-elle mené une politique qui défende les intérêts fondamentaux des travailleurs ? Elle a alterné au pouvoir avec la droite, s’y est discréditée en gérant les affaires de la bourgeoisie, et a ouvert la voie à l’extrême droite. Le comité exécutif du NPA-A persiste et signe pourtant : « Face au danger de l’arrivée au pouvoir de l’extrême droite […], il nous faut retrouver la voie d’une unité très large sur la base du programme que nous avions défendu dans le cadre du NFP »

Plus grave, l’enfumage : « Ces revendications [du NFP] ont été portées par des millions de travailleurs·euses et par la jeunesse lors des mobilisations des 10 et 18 septembre, et encore le 2 octobre dernier avec l’ensemble des syndicats, associations, collectifs et les Assemblées ‘Bloquons tout’ », est-il écrit. Mais les manifestations et grèves qui ont marqué le 10 septembre, sous le slogan « Bloquons tout », répondaient à l’absence de réaction des appareils de la « gauche syndicale et politique ». Entre autres de l’intersyndicale (partie prenante du NFP), dont les leaders ont tenté de reprendre le contrôle par l’appel au 18 septembre. Ensemble, gauche syndicale et politique, ont cherché à aiguiller la colère des travailleurs et des jeunes vers des jeux politiciens. Le comité exécutif du NPA-A tait-il la manœuvre, face à cette gauche, pour qu’elle ne lui claque plus la porte au nez ?

Macron est haï, bien sûr, mais en faire la cible essentielle (comme LFI), en mettant en avant sa démission, la fin de la Ve République et une Constituante, c’est masquer l’exploitation qui est à la racine du système capitaliste, c’est taire le pouvoir des patrons qui mènent l’humanité à la catastrophe. Leur enlever ce pouvoir par une mobilisation collective, voilà ce qui sera de la démocratie vivante ! Entre une solution institutionnelle pour la bourgeoisie (dont une Constituante) et l’organisation propre de la classe ouvrière en lutte, dans des comités, coordinations, éléments de son double pouvoir, il faudra pourtant choisir, car ces deux voies ne peuvent que s’affronter.

Michelle Verdier