Nos vies valent plus que leurs profits

Stellantis Poissy : la direction aiguise ses couteaux… les travailleurs aussi

Vendredi soir 10 octobre la production s’est arrêtée jusqu’au lundi 3 novembre, ces trois semaines de chômage font perdre autour de 200 euros aux salariés, cela les inquiète d’autant plus qu’ils pressentent que ce n’est qu’une étape dans la lente agonie du site. Actuellement il y a deux équipes, la direction a avoué avoir organisé des réunions de chefs pour préparer le passage à une seule. Malgré ses démentis, un sentiment largement partagé est que cette usine de plus de 2 000 salariés devrait fermer dans 18 mois environ. Pour faire son nouveau stade, le PSG est intéressé pour racheter les terrains de l’usine (et sûrement aussi ceux d’un centre de tri postal de 300 salariés juste à côté).

La direction cherche à vider l’usine dans le silence : elle prétend que de nouvelles (et énigmatiques) activités industrielles vont arriver – mais pas de production automobile –, elle met la pression pour des départs volontaires (démission ou préretraite mal payée), propose de partir travailler en mission dans les usines Stellantis de Rennes ou… de Serbie. Par exemple, il y a trois ans, elle avait incité les salariés à quitter l’usine pour devenir chauffeurs de camion porte-véhicule pour alimenter les concessions Stellantis, elle promettait bon salaire et nouvelle vie loin des turbulences de l’usine en déclin. Ce mois-ci, elle a annoncé que les 150 chauffeurs Stellantis vont passer de la convention de la métallurgie à celle du transport : à moyen terme, pour 42 heures de travail par semaine, ils perdront 700 à 800 par mois ! La direction se défend en disant que toute façon à l’avenir ils ne feront plus 42 heures mais 50 heures minimum. En cas de refus de signer l’avenant, la direction enverra définitivement le chauffeur à la chaîne au montage. Chez les chauffeurs, l’heure est à la colère face à tant de malhonnêteté et d’attaques.

La conscience que nous sommes tous concernés par l’avenir désastreux qu’on nous prépare se développe. Le 2 octobre, à la manifestation parisienne, pour la deuxième fois il y avait un cortège commun réussi de Stellantis et Renault. Avant le chômage, à l’usine, des rassemblements de plus de 150 salariés ont eu lieu pendant les pauses pour parler du projet de fermeture, des actions vont avoir lieu en octobre et novembre… nous sommes loin d’avoir dit notre dernier mot, et on aura plus de force en le disant avec d’autres salariés d’autres entreprises eux aussi en lutte contre les suppressions d’emplois.

14 octobre 2025. Correspondant