Vache à lait pour les intérêts privé, la Sécu permet aussi, par ses déremboursements, l’explosion du marché des « complémentaires santé ». Celles-ci ont touché 46 milliards de cotisations en 2024, un pactole en hausse constante (+6 % en 2023, +8 % en 2024…), faisant reposer sur chaque famille des sommes astronomiques.
Mais la Sécu, c’est aussi un placement très lucratif. Depuis 1995, une caisse spécifique (la Cades) perçoit un impôt pour garantir des prêts visant à rembourser la dette : ainsi, l’argent public, au lieu d’être utilisé pour la protection sociale, est siphonné par la finance. Depuis sa création, elle a versé 75 milliards d’intérêts1 ! Voilà le hold-up de la dette publique, décrit déjà par Marx en 1850 : « L’endettement de l’État était d’un intérêt direct pour la bourgeoisie […]. À la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or, chaque nouvel emprunt fournissait une nouvelle occasion de rançonner l’État, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans les conditions les plus défavorables.2 »
1 Assemblée Nationale, Rapport d’information sur la gestion de la dette sociale, 2 oct. 2024, p. 68.
2 Karl Marx, Les Luttes de classes en France, 1848-1850.
Sommaire du dossier
- Les 80 ans de la Sécu
- 1850, 1880, 1930 ou 1945 : La sécurité (sociale) de l’État bourgeois avant tout
- Santé, retraites : Lecornu annonces des économies massives
- Dégradations des droits des usagers – Les travailleurs de la Sécu racontent…
- Augmenter le salaire net en réduisant le brut ?
- Exonérations de cotisations : le grand détournement
- Le prétendu « trou de la Sécu » : faire les poches des travailleurs pour renflouer les riches
- Les honoraires des médecins explosent… La faute à qui ?