La stratégie de Trump et de l’extrême droite est d’enrichir les milliardaires, d’affaiblir la classe ouvrière, de consolider le contrôle autoritaire et de diviser la population. Les attaques s’enchaînent, car la grande bourgeoisie américaine est bien décidée à enrayer son déclin, même très relatif, dans l’arène impérialiste mondiale.
Les travailleurs migrants et leurs familles sont terrorisés par les raids quotidiens de la police de l’immigration (ICE). La garde nationale a été déployée à Los Angeles, à Washington, à Memphis, à Chicago et à Portland pour déchaîner la terreur raciste et contre toute protestation.
Les droits de douane ont fait grimper le coût des produits de base, tandis que des milliers de travailleurs ont perdu leur emploi. Les réductions d’impôts record pour les riches sont financées par des coupes dans les programmes de santé et l’aide alimentaire. Le gouvernement alimente la haine et la discrimination à l’égard des LGBTQ. Le « shutdown » met au chômage forcé les fonctionnaires fédéraux – dont l’essentiel sont pourtant des travailleurs utiles et payés au salaire moyen.
Le meurtre du militant d’extrême droite Charlie Kirk a donné l’occasion à Trump et à ses alliés de le dépeindre comme un martyr de leur nationalisme chrétien blanc. La droite a utilisé son assassinat comme prétexte pour intensifier sa campagne de répression et faire taire les critiques. Des travailleurs qui ont critiqué Kirk (souvent sur le ton de l’humour) ont été licenciés ou menacés de poursuites judiciaires. L’extrême droite impute sa mort à des organisations de gauche qui alimenteraient le « terrorisme », justifiant de nouvelles vagues de surveillance et de répression. Le gouvernement et les administrations universitaires continuent de collaborer pour réprimer les étudiants et les professeurs qui se sont engagés dans l’activisme pro-palestinien.
Face à cela, les démocrates n’offrent aucune véritable alternative et sont incapables d’inverser ce virage agressif et autoritaire. Leur principale stratégie est de critiquer Trump et d’espérer que l’alternance les ramènera au pouvoir lors des élections de mi-mandat de 2026. De nombreux travailleurs, qui ne s’étaient jamais mobilisées auparavant, ont pourtant participé à des manifestations massives menées par des organisations libérales de type associatif, notamment les rassemblements « No Kings » qui ont réuni près de sept millions de personnes mi-octobre. Mais ces organisations sont liées aux démocrates et visent à canaliser cette énergie dans les futures élections.
Si la rhétorique des démocrates diffère de celle de Trump, aucun travailleur n’a d’illusion sur le fait qu’ils ont toujours gouverné au service des plus riches. À l’approche des élections de mi-mandat, le gouverneur de Californie, Gavin Newsom, consacre son énergie à rediviser les districts électoraux pour concurrencer les efforts des républicains qui font de même au Texas. Ils se concentrent sur ces jeux électoraux, et non sur une mobilisation plus large par en bas contre la droite.
Mais même sur ce terrain électoral, ils refusent de soutenir Zohran Mamdani, qui a remporté la primaire démocrate à la mairie de New York. Son programme dénonce à juste titre les inégalités sociales et le racisme, et se contente de promettre des changements institutionnels pour rendre la ville « abordable » (voir l’article dédié sur notre site). Malgré ces limites, il a trouvé un écho auprès des électeurs des classes populaires de New York, révulsés par les politiques d’extrême droite et d’offensive patronale. Mais c’est déjà trop radical pour l’establishment démocrate !
Mamdani et les campagnes électorales des Démocrates socialistes d’Amérique (DSA, une organisation liée à Bernie Sanders qui fonctionne comme aile gauche du Parti démocrate) n’offrent pas non plus de véritable perspective face à Trump. Ils prétendent pouvoir corriger les excès du capitalisme américain en en ramenant les électeurs mécontents vers un Parti démocrate qu’ils espèrent gauchir. Bien loin de la seule alternative viable qui consiste à organiser les travailleurs pour prendre le pouvoir sur la société.
Par Speak Out Now (SON), traduit de l’anglais
Sommaire du dossier
- Combattre l’extrême droite avec les armes de la lutte de classe
- Le Parti démocrate ne propose rien de sérieux face à l’assaut de l’extrême droite aux États-Unis
- Zohran Mamdani : un véritable espoir pour la classe ouvrière de New York ?
- Allemagne : l’AfD continue à s’ancrer dans le paysage
- L’extrême droite veut un Torre-Pacheco global
- Polarisation politique au Royaume-Uni : seule une opposition ouvrière au gouvernement Starmer pourra combattre la progression de l’extrême droite dans les classes populaires