
Bénéficiant du soutien ouvert et total de Trump, qui a déjà renfloué plusieurs fois la Banque centrale argentine et avait promis une aide massive pouvant aller jusqu’à 40 milliards de dollars si Milei remportait la victoire, le parti du président d’extrême droite, La liberté avance, a remporté les élections législatives partielles du 26 octobre avec 40,6 % des voix, contre 30 % pour l’opposition péroniste. Il passe de 37 à 80 députés. La bourgeoisie argentine a célébré avec euphorie cette victoire électorale : la bourse de Buenos Aires a bondi de plus de 20 %.
Échec du vote utile pour le péronisme
Toutefois, le parti de Milei et ses deux alliés de droite, PRO et UCR, perdent 4 millions de voix par rapport aux élections de 2023 où ils se présentaient séparément, ils n’ont plus la majorité absolue des suffrages exprimés et restent minoritaires à l’Assemblée. Milei ne remporte ces élections que parce que la principale force d’opposition, les péronistes, s’effondre. Leurs principaux dirigeants, Nestor et Cristina Kirchner, ont gouverné le pays entre 2003 et 2015 puis entre 2019 et 2023. Se prétendant du côté des classes populaires, ils ont fait tourner l’Argentine au profit des capitalistes pendant ces près de vingt ans, tout en menant une politique qu’ils disaient sociale – essentiellement des allocations pour les travailleurs les plus pauvres – afin d’éviter les explosions sociales. Comme pour tous les partis bourgeois, ces professionnels de la politique ont été éclaboussés par des scandales de corruption.
Leurs députés se sont abstenus ou ont soutenu les principales lois de Milei et les syndicats qu’ils dirigent ont tourné le dos aux luttes ouvrières. Ce qui ne les a pas empêchés d’appeler au « vote utile ». Mais c’est un échec : les candidats péronistes perdent deux millions de voix par rapport à 2023.
De manière générale, c’est un dégoût de toute la caste politique bourgeoise qui s’exprime : alors que le vote est obligatoire, le taux de participation n’a été que de 68 %. L’abstention augmente de 10 % par rapport aux législatives de 2023.
Milei devra affronter la lutte des classes
Les travailleurs et la jeunesse, eux, ont bien cherché à s’opposer à Milei et à sa politique. En février, en août, en septembre encore, ils ont été des milliers à manifester à travers le pays. L’extrême gauche regroupée dans le Front de gauche et des travailleurs – Unité (Frente de Izquierda y de los Trabajadores – Unidad), est la seule force qui, malgré la perte d’un siège de député (de cinq à quatre), progresse en nombre absolu de voix, passant de 800 000 à 850 000. À Buenos Aires, la candidate du FIT-U fait une percée et passe de 5 à 9 %. Même les analystes bourgeois ont dû le reconnaître : pour pouvoir passer sa politique, Milei devra affronter la rude loi de la lutte des classes.
28 octobre 2025, Aurélien Perenna