Nos vies valent plus que leurs profits

Présidentielle en Côte d’Ivoire : la Françafrique garde un bastion

Le président ivoirien Alassane Ouattara a été réélu pour un quatrième mandat le 25 octobre, avec un score de 91,23 % et une participation de 50 %.

De quoi rassurer la bourgeoisie française qui, avec près de 1 500 entreprises et filiales, investit en Côte d’Ivoire près de 200 millions d’euros par an. Bouygues, Alstom, Keolis, Orange, Canal + (Bolloré), la Société générale, Mulliez, Accor… y jouissent de quasi-monopoles. L’agriculture d’exportation, notamment de cacao, de café, d’huile de palme et de fruits tropicaux, ainsi que l’exploitation de minerais et hydrocarbures, rendent le pays dépendant des marchés internationaux et de la valeur du franc CFA. La population, elle, vit à 40 % avec moins de 1,5 euro par jour…

Les fausses alternatives

De 2000 à 2010, le président Laurent Gbagbo a exercé un pouvoir autoritaire, s’appuyant sur le concept raciste d’« ivoirité » pour marginaliser les populations musulmanes du nord. Ouattara, ancien de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest puis du FMI, lui-même accusé de ne pas être un Ivoirien véritable, y a ainsi acquis une base solide.

En 2010, la première victoire de Ouattara, hautement contestable, a été validée par l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) et Gbagbo a été délogé par l’armée française. Son crime ? Avoir osé ouvrir des marchés publics à d’autres pays.

La candidature de Gbagbo ayant été arbitrairement invalidée en 2025, trois autres proposaient de reprendre sa politique : son ancienne épouse, Simone Ehivet Gbagbo, son ancienne ministre de la Famille, Henriette Lagou Adjoua, et son ancien ministre de l’Équipement, Ahoua Don Mello. Ce dernier est devenu représentant du patronat russe pour les investissements en Afrique en 2021, et haut-représentant des Brics pour l’Afrique occidentale et centrale en 2022. Ce clan espère offrir ainsi à la bourgeoisie ivoirienne quelques profits de plus, avec la même exploitation de ses classes laborieuses.

Ouattara rafle la mise, lui qui, loyal à la Françafrique, avant annoncé sa candidature en juillet, après un déjeuner avec Emmanuel Macron.

28 octobre 2025, J.-B. Pelé