
De Sainte-Soline à Bobigny : vidéos cachées
« Faut qu’on les tue », « J’espère bien que t’en as éborgné », « Un vrai kiff »… Les vidéos des caméras piétons des gendarmes et flics menant la répression contre les manifestants anti-bassines à Sainte-Soline (79) le 25 mars 2023 sont sans équivoque : les tirs de grenade et de LBD étaient bien destinés à blesser, voire tuer, avec l’aval et même l’incitation de la hiérarchie. Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur, s’est dit « pas du tout content » des « propos » qu’il a entendus et des « gestes » vus sur ces vidéos… Des vidéos que les autorités détiennent depuis plus de deux ans ! Il aura fallu que des journalistes de Mediapart publient ces vidéos pour qu’une « enquête administrative » soit ouverte !
Michel Zecler : cinq ans d’attente pour un début de vérité…
On se souvient que le 21 novembre 2020, le producteur de musique d’origine martiniquaise Michel Zecler était violemment agressé à son domicile, dans le 17e arrondissement de Paris, par quatre flics, qui avaient jeté une grenade dans son appartement et l’avaient roué de coups.
Cinq ans après, malgré la mise en garde à vue des flics, vite remis en liberté, le procès ne s’est toujours pas ouvert, et aucune procédure disciplinaire n’a été engagée par l’IGPN ! Le 7 novembre dernier, la Défenseure des droits a remis un rapport accablant qui retient le caractère raciste de l’agression, que le juge d’instruction avait écarté.
Dans la nuit du 28 au 29 octobre, c’est carrément dans l’enceinte du tribunal de Bobigny que deux flics ont violé une femme qui était présentée au parquet. Les avocats du tribunal ont suspendu leurs permanences pour protester. À Ivry sur Seine, le 5 novembre, c’est un jeune qui a été roué de coups, menotté au sol, par des flics, lors d’une fouille sous prétexte de chercher des stupéfiants.
Il y a 20 ans, la mort de Bouna Traoré et Zyed Benna
Les quartiers populaires se soulevaient alors, suite à l’électrocution de deux adolescents qui s’étaient réfugiés dans un poste électrique pour échapper à des flics qui les poursuivaient arbitrairement.
Il ne s’agit pas d’un épiphénomène. Les violences policières sont endémiques dans le système capitaliste. La police est le bras armé de l’État, qui s’assure du maintien de l’ordre social capitaliste. Comment s’étonner dès lors que les flics se croient tout permis ? Les violences policières, c’est la violence du système capitaliste. Pour en finir avec ces violences, il faudra en finir avec le capitalisme, son État, sa police.
Aurélien Perenna