Nos vies valent plus que leurs profits

Synlab (Auch). Le personnel du labo ne veut pas faire les frais des politiques de concentration des plateaux techniques

Jeudi 6 novembre, la vingtaine de personnes qui travaillent dans les laboratoires de biologie médicale Synlab d’Auch (Gers) étaient en grève. Synlab a en effet décidé de fermer le plateau technique où 8 personnes seraient licenciées. Les prélèvements continueraient d’être faits, mais seraient envoyés pour analyse au plateau d’Aire-sur-l’Adour (Landes), à 80 kilomètres d’Auch, obligeant ainsi les patients à attendre davantage pour leurs résultats, ou à s’adresser à l’hôpital, déjà saturé.

Depuis quelques années, il y a une importante concentration des laboratoires de biologie médicale. Synlab a été racheté par le fonds d’investissement européen Cinven. En LBO, ce qui signifie que c’est Synlab qui doit rembourser l’emprunt contracté par Cinven pour l’acheter ! Une pratique prédatrice qui vide en général une entreprise de ses actifs en quelques années pendant lesquelles tout est fait pour dégager du cash.

À Auch, jeudi dernier, les trois directeurs présents, qui étaient restés toute la journée claquemurés dans le labo, ont fini par recevoir tout le monde, les grévistes refusant catégoriquement l’idée d’une simple délégation. Pour l’instant, la direction refuse de revenir sur ses décisions. Les salariés grévistes veulent continuer à se battre contre les licenciements, n’acceptant pas d’être sacrifiées pour les profits d’un fonds d’investissement prédateur.

Elles se sont organisées en toute discrétion pour être à nouveau en grève lundi 10 novembre. La surprise a été totale et les biologistes ont été contraints de faire les prélèvements eux-mêmes. À nouveau, ils ont tenté de discuter avec un petit nombre de grévistes, ce que, toutes en cœur, ont refusé. Au soir du 10 novembre, elles s’interrogent sur les suites et comptent aller voir les salariés du plateau d’Aire-sur-l’Adour pour leur expliquer ce qu’entraînerait leur disparition : dans un premier temps une surcharge de travail, jusqu’à ce que, dans un second temps, ce plateau ferme également.

Correspondante