Jeudi 13 novembre, les salariés de Mvélo+, le service de location de vélo de la métropole grenobloise, ont débuté un mouvement de grève. Cette décision à été prise en assemblée générale après que la direction les ait, encore une fois, méprisés lors d’un rendez-vous et ait refusé d’accéder à leurs revendications.
Mvélo+ est un des services du SMMAG (Syndicat mixte des mobilités de l’aire grenobloise) délégué à Cykleo, la branche cycle de l’entreprise de transports publics Keolis. Lorsque les employés demandent à parler à des responsables, chacune de ces structures se renvoie la balle. En effet, tous profitent de la situation, que ce soit la métropole qui applique l’austérité en recherchant le prestataire le moins cher ou la multinationale Keolis qui a réalisé 169 millions d’euros de profit en 2024 en pressurant ses salariés.
En lutte pour leurs conditions de travail et pour un service public accessible à tous
Les grévistes se battent pour leurs conditions de travail. L’augmentation du nombre de contrats entraîne une augmentation du nombre de vélos à entretenir, mais sans augmentation proportionnelle du nombre de commerciaux qui gèrent le lien avec la clientèle, ni augmentation du nombre de techniciens. Aujourd’hui, 15 mécaniciennes et mécaniciens gèrent l’entretien de 13 565 vélos, 14 agentes et agents gèrent 10 459 contrats actifs, la gestion de 2 800 places de stationnement est assurée par 2 techniciennes et techniciens, et les 20 animations par mois sont gérées par une seule salariée. En plus du sous-effectif pour gérer correctement cette flotte, ils se battent également pour avoir une meilleure convention collective. Actuellement ils ont cinq jours de carence non payés lors des arrêts maladie. Cette disposition induit de fait de travailler même quand ils sont souffrants, une maltraitance patronale de plus à ajouter à la longue liste des mauvaises conditions de travail et de l’exploitation. Risques psycho-sociaux, dégradation des outils de travail, locaux non adaptés, turn-over de 40 % : les salariés ont de nombreuses fois alerté leur direction sans que rien ne soit fait.
Les salariés en grève se battent aussi pour les usagères et usagers : de meilleures conditions de travail et des employés en plus permettraient d’améliorer la qualité du service. Ils dénoncent aussi la nouvelle grille tarifaire qui prévoit l’augmentation de cinq euros de l’ensemble des tarifs sans considérer l’avis des équipes et bien entendu sans augmenter leur salaire. Enfin, des menaces pèsent sur les tarifs solidaires des vélos électriques et autres modèles spéciaux, qui, de fait, seraient donc réservés à ceux qui en ont les moyens.
La métropole et Keolis doivent répondre aux revendications des grévistes !
Jeudi, les salariés ont organisé un piquet de grève devant l’agence de la gare, ce qui a permis de les rendre visibles auprès de la population. Elles et ils ont reçu le soutien des organisations de gauche avec la venue de leurs candidates et candidats aux municipales. Les élus de leurs groupes au conseil métropolitain avaient pourtant voté la reconduction de Keolis en septembre 2023, adoptée à l’unanimité du conseil malgré les problèmes de sous-effectif dénoncés par une grève dès 2021.
À l’intérieur de l’agence, les cadres et la direction étaient pour une fois derrière le comptoir mais avaient décalé tous les rendez-vous pour ne pas trop travailler et pour surcharger les salariés à leur retour de la grève. Les grévistes et leurs soutiens se sont ensuite rendus au siège du SMMAG pour tenter d’être reçus. Au lieu d’un rendez-vous ils n’ont obtenu que deux vigiles devant les portes les empêchant d’entrer et de demander des comptes au commanditaire du service qu’ils assurent. Suite à cela, les salariés se sont à nouveau réunis en assemblée générale et une majorité d’entre elles et eux a décidé de reconduire la grève.
Vendredi, la grève et le piquet ont permis aux salariés de se libérer du temps, de réfléchir aux modalités d’attribution de leur caisse de grève et d’organiser une manifestation à vélo pour se rendre au SMMAG. Ils se sont ensuite retrouvés en assemblée générale pour reconduire la grève. La vélorution (manif à vélo) du samedi à réuni une cinquantaine de participants et permis de continuer à rendre visible la mobilisation, de s’adresser aux habitants, à la population et aux autres travailleurs. Les salariés ont pris des photos du rassemblement devant la SMMAG pour les envoyer aux agences des autres villes et les inviter à rejoindre le mouvement.
Les Cykleo se battent pour tout le monde, luttons à leurs côtés !
La grève est menacée par la pression financière mais aussi morale que subissent les salariés. En effet, certains culpabilisent de mettre les usagers en difficulté. Ce sont bien les seuls à s’inquiéter des usagers quand la direction de Cykleo ne pense qu’à ses profits.
Cette lutte montre que salariés et la population ont intérêt à lutter ensemble. L’amélioration des conditions de travail et la défense des services publics sont les deux faces d’une même pièce. Les grévistes ont raison de dénoncer la politique d’austérité qui conduit à dégrader le service rendu tout en gonflant les profits de Keolis. C’est en suivant leur exemple qu’il serait possible d’empêcher les coupes budgétaires prévues par Lecornu, voire de prendre sur les profits des grandes entreprises pour assurer le développement et la gratuité des services publics !
Noemie Mondon et Baptiste Anglade
Voir aussi le communiqué du NPA-Révolutionnaires Grenoble du 17 novembre 2025
