Les rencontres nationales des transports publics (RNTP), tenues du 4 au 6 novembre à Orléans, ont été l’occasion pour les pontes de revenir sur un thème récurrent : la sécurité des travailleurs. Il y aurait un problème d’ampleur, mais peu d’études sérieuses, alors que chaque fait divers est instrumentalisé, alimentant un sentiment d’insécurité dans la profession. Une loi a été adoptée en avril dernier, mais Philippe Tabarot (ministre des Transports) et Jean Castex (désormais à la tête de la SNCF) déplorent sa trop lente application. Nos deux cow-boys oublient de dire que les patrons n’ont pas attendu la loi pour que les mesures répressives soient effectives…
La loi autorise des expérimentations sur le port des caméras par les conducteurs (pour mieux les surveiller) et donne plus de pouvoir aux agents de sécurité privée (fouilles au corps facilitées, contrôles des bagages plus fréquents). D’autres mesures (vitres anti-agression, bouton d’alerte dans le poste de conduite), déjà appliquées dans de nombreux réseaux, sont présentées par les médias comme la solution miracle. En parallèle, la RATP promet 1 000 agents de sécurité en plus des 3 000 déjà en activité ! Les méthodes répressives qui se déploient toujours après les agressions sont incapables de prévenir les situations à risque et ne dissuadent jamais qui que ce soit de passer à l’action.
Les questions sécuritaires saturent le débat public, pour le plus grand bonheur de l’extrême droite. Mais le patronat du transport a une préoccupation plus terre à terre : Thierry Malet (PDG de Transdev) déplore que 55 % des arrêts de travail font suite à une agression, conduisant à « 84 jours d’ITT en moyenne », donc à moins de profits faits sur le dos des travailleurs !
Mais nous avons des propositions à faire valoir, que nous n’imposerons que par nos luttes. La présence de médiateurs à bord des bus et cars, formés au désamorçage des situations tendues, serait un premier pas et rendrait la conduite moins solitaire ! La gratuité des transports, à travers l’augmentation du versement mobilité payé par les entreprises, éviterait bien des situations à risque autour des ventes de tickets.
Le problème de la violence à bord des transports en commun dépasse largement le simple bus. Ce sont des conditions sociales, économiques ou psychologiques qui poussent des personnes à s’en prendre aux conducteurs pendant leur travail. C’est en améliorant ces conditions qu’on se débarrassera des agressions envers les travailleurs du transport !
Leny Bolzen
