Difficile de suivre les errements des impérialistes américains et européens sur l’Ukraine, sinon que les travailleurs et travailleuses de Russie et d’Ukraine n’ont rien à attendre des négociations Trump-Poutine, auxquelles Macron voudrait bien une petite place.
Acte I. Autour d’une partie de golf dans une villa de luxe, Steve Witkoff, chargé par Trump du dossier ukrainien, concocte avec l’homme d’affaires russe Kirill Dmitriev un plan en 28 points. Reconnaissance de la souveraineté russe sur la Crimée, le Dombass et Donetsk, réduction de l’armée ukrainienne à 600 000 hommes…
Marco Rubio, chef de la diplomatie américaine, parle d’une simple « liste de souhaits des Russes »… avant de déclarer quelques heures plus tard sur X : « Les États-Unis sont les auteurs de la proposition de paix. »
De leur côté, les États-Unis ont déjà obtenu de Zelensky leur part de l’exploitation des minerais ukrainiens.
Acte II. Les impérialistes européens sont très énervés… de ne pas avoir été invités à la fête ! Ils se lamentent que le plan Trump prévoit que ce seront des avions européens (donc à leurs seuls frais), et non de l’Otan, qui seront stationnés en Pologne pour garantir le plan…
Pour attirer Zelensky de leur côté, ils dégainent leur réécriture des 28 points : une armée ukrainienne de 800 000 hommes au lieu de 600 000, l’Ukraine qui s’engagerait à ne pas récupérer militairement les territoires occupés par l’armée russe… au lieu de les lui donner tout de suite… et, pour gérer le tout, un « Conseil de la Paix »… présidé par Trump ! Les États-Unis ne réagissent même pas, et la Russie répond sèchement que le plan « n’est pas approprié ».
Acte III. Trump décide d’une nouvelle réunion dans un hôtel de luxe de Genève : tout le monde s’y précipite ! Zelensky y envoie son bras droit, Macron salue les « efforts du président américain pour œuvrer pour la paix ». Et cette belle brochette annonce fièrement un nouveau plan en 19 points… qui laisse en suspens les questions essentielles, notamment territoriales.
Personne ne sait si le Kremlin va accepter cette offre. Pendant ce temps, les peuples ukrainien et russe paient toujours le prix fort de ce festin impérialiste. Dans la nuit du 24 au 25 novembre, entre frappes aériennes massives sur l’Ukraine et riposte de drones ukrainiens en Russie, au moins six personnes ont été tuées à Kiev et trois dans la région russe de Rostov.
Zelensky confronté aux résultats de sa propre politique
Zelensky a, depuis le début de l’invasion russe, lié le destin de son pays au bon vouloir des impérialistes américains et européens. Alors que, depuis 2014 déjà, ceux-ci avaient multiplié les livraisons d’armes à l’Ukraine, ces dernières ont explosé depuis février 2022, pour le plus grand bonheur des Lockheed Martin et autres Dassault…
Ces livraisons n’ont absolument pas permis de faire reculer l’armée russe. Aujourd’hui, l’armée ukrainienne semble sur le point de vaciller dans la région de Pokrovsk…
En Ukraine, le mécontentement monte contre Zelensky et la bande de capitalistes mafieux qui dirigent le pays. En août dernier, les premières manifestations massives depuis l’invasion russe ont contrait Zelensky à renoncer à supprimer les agences anticorruption. Or, un nouveau scandale éclabousse ses proches : les ministres successifs de l’Énergie et le propriétaire de sa société de production auraient détourné 100 millions de dollars, alors que, dans de nombreuses villes, la population doit supporter de longues coupures d’électricité et des pénuries.
Aurélien Pérenna
