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Ukraine : Promesses en Rafale, mirages en perspective ?

Macron et Zelensky ont signé une lettre d’intention d’achat pour toute une série de ventes pour aider l’Ukraine face à la Russie : des batteries de missiles anti-missiles, des locomotives, des drones et sans doute bien d’autres magnifiques engins de guerre, au nombre desquels 100 Rafale, ce qui ferait de l’Ukraine le plus gros acheteur étranger de l’avion de Dassault, devant les 80 commandés par le Qatar et les 62 par l’Inde.

Est-ce bien crédible ?

La France s’est déjà débarrassée de vieux Mirage auprès de l’Ukraine. Que le Rafale soit la prochaine étape peut sembler aller de soi. Mais rien n’est moins sûr. Si le PDG de Dassault, Eric Trappier, annonce vouloir passer en cadence 5, dans la réalité les usines peinent à produire plus de trois Rafale par mois.

Et qui paiera ?

Une telle commande coûterait au moins 10 milliards d’euros, une somme que l’Ukraine seule aurait bien du mal à payer en pleine guerre contre Poutine. Si une telle vente était finalisée, elle nécessiterait une aide, des avances ou des prêts de la part de la France, ou de l’UE. Nul doute que cela se fera en échange de promesses de futurs contrats pour la France et ses entreprises, et d’accès à certaines ressources profitables. Macron, que l’on sait plein d’astuces, envisage déjà d’utiliser les milliards de prêts garantis par l’Europe pour la reconstruction, a aussi évoqué la possibilité de piocher dans les avoirs russes gelés. Un sacré pactole sur lequel de nombreux capitalistes doivent lorgner, à commencer par Trappier qui serait bien content de faire main basse sur une partie du magot. Reste pour Macron à en convaincre ses copains de l’UE. D’une manière ou d’une autre, c’est surtout la population ukrainienne qui en paiera le prix. On ne peut qu’imaginer l’émotion des travailleurs ukrainiens quand de beaux Rafale jaunes et bleus survoleront leur pays en ruine.

Le prix des ambitions

Que le contrat soit signé ou non, Dassault profite de l’occasion pour revenir à la charge sur la cadence 5, et pour chercher à accélérer la production : multiplier les heures supplémentaires, le travail le samedi… Au regard de la précédente montée en cadence, dont les conséquences sont toujours en cours, on ne peut que se douter de ce que ce cela signifiera pour les ouvriers de Dassault et de tous les sous-traitants.

Marinette Wren