
À la SNCF, les services é (SE) sont chargés de la maintenance de la signalisation ferroviaire, généralement le jour. La nuit et les week-ends, ils interviennent d’astreinte pour réparer les pannes imprévues.
Partout, la SNCF réduit les effectifs et augmente la charge de travail de ceux qui restent. La rémunération est loin de suivre l’augmentation des prix. Depuis plusieurs mois, cette politique qui concerne tous les secteurs est particulièrement contestée dans les SE. À la fin de l’été, certains ont décidé d’affronter la direction pour lui arracher des embauches, une revalorisation des indemnités d’astreinte et une « prime de technicité ».
Un mouvement incontrôlable
La mobilisation a démarré au mois de septembre dans la vallée du Rhône sous la forme d’une grève reconductible de 59 minutes par jour en fin de service. Certes, quitter le travail une heure plus tôt n’a pas un impact spectaculaire sur la maintenance. Cependant, ce moyen d’action permet de laisser vacante l’astreinte qui est alors transférée à des chefs vite dépassés par la variété des pannes qui peuvent survenir.
En quelques semaines, cette grève a essaimé dans
différentes régions, via des groupes sur les réseaux sociaux. Cette relative spontanéité a permis au mouvement, à chaque fois qu’il a pris fin quelque-part, de renaître ailleurs selon un rythme différent mais avec des revendications et des méthodes semblables. Un cauchemar pour une direction habituée à négocier avec des représentants syndicaux.
La direction contre-attaque
Face aux grèves à Toulouse, Limoges ou encore en Aquitaine, la direction de SNCF Réseau a convoqué les syndicats mi-octobre. Mais la faiblesse de ses annonces a conduit d’autres régions, comme l’Alsace ou le Nord-Pas-de-Calais à rejoindre le mouvement.
La direction a rapidement haussé le ton en menaçant les grévistes de les faire passer sur des horaires postés (2×8 sans pause). Cette menace avait permis d’avoir (provisoirement) raison du mouvement à Lyon fin septembre. Mais en novembre, alors que la lutte a pris une ampleur nationale, la menace n’a plus guère d’effet.
À Strasbourg, non seulement la grève de 59 minutes a continué malgré le 2×8, mais de nombreux grévistes se sont mis à faire grève des journées, des nuits ou des semaines entières, étendant la bagarre à bien d’autres domaines que la seule astreinte. Dans le Nord-Pas-de-Calais, les travailleurs ont même refusé de se plier à ces horaires, dans l’attente de la décision du tribunal saisi par la CGT.
Prendre le temps de discuter
Le 19 novembre, les services électriques étaient appelés à une journée de grève nationale. Des rassemblements ont eu lieu dans plusieurs villes. À Lille, une quarantaine de grévistes se sont réunis. À Clermont-Ferrand, ils n’étaient pas moins de 80. Ces initiatives n’ont rien d’anodin pour cette profession disséminée sur de vastes régions en petites équipes qui se croisent peu.
Alors que la grève continue de s’étendre et que certaines régions pourraient la reprendre, la capacité des grévistes à se réunir et à débattre va être déterminante pour la suite du conflit.
Correspondants