
À l’heure où les associations sont frappées de plein fouet par les coupes budgétaires, des mobilisations de protestation émergent, à l’image de celle du Mouvement associatif, qui regroupe les directions de grandes associations telles qu’Emmaüs ou l’Association des paralysés de France (APF), pour dénoncer une crise sans précédent qui impacte le milieu associatif.
En mai dernier, nous dénoncions l’arnaque patronale du collectif des 400 000, un appel des patrons d’associations du social, qui organisait une action de rue en revendiquant des moyens pour la protection de l’enfance, tout en étant principalement composé de ceux qui participent à sa dégradation : les organisations patronales et les directions du secteur, notamment l’organisation, Nexem, sorte de Medef du secteur social et médico-social.
En appelant à se rassembler le 15 mai, sans mention de la date de grève déjà annoncée par des collectifs et syndicats de salariés du secteur, le collectif des 400 000 cherchait aussi clairement à couper l’herbe sous le pied aux luttes des salariés qui se battent notamment… contre leurs projets.
Car Nexem a précisé son plan de nouvelle convention collective : augmentation du temps de travail, diminution des congés, individualisation des salaires… Dans un contexte de coupes budgétaires massives et de licenciements.
Ainsi la direction de l’APF avait le culot d’appeler à se mobiliser le 15 mai, alors que son plan social annoncé quelques mois plus tôt à ses salariés, par visio, se concrétisait justement en mai 2025, en laissant 450 de ses salariés sur le carreau, après avoir cherché à rogner au maximum sur leurs indemnités de licenciement.
Citons aussi l’association France terre d’asile, dont les agissements indignes ont été mis à jour par les luttes des jeunes mineurs isolés étrangers, dont celles du collectif parisien des « mineurs du Parc de Belleville », laissés à la rue et sans droits par centaines après leur rejet par cette association qui avait remis en cause leur âge.
On peut compter autant d’histoires glauques que de signataires dans ce collectif des 400 000, pourtant nommés ainsi pour représenter le nombre d’enfants placés en danger qu’il faudrait mieux protéger.
Mais le social-washing est bien ficelé. Associé à la Cimade, à la LDH, et à une association d’anciens enfants placés, le collectif des 400 000 s’offre une belle vitrine.
Malgré ces manœuvres des directions, et leur proposition aux salariés de venir à leur rassemblement sur du temps de travail, les manifestations des salariés en grève ont été bien plus suivies. À Paris, plusieurs dizaines de salariés médusés par le rassemblement de leurs patrons, ont rejoint les rangs de la manifestation qui regroupait des étudiants et des salariés, dénonçant à la fois les coupes budgétaires de l’État et les pratiques patronales brutales des associations employeuses.
Un exemple qui rappelle que le système capitaliste, même quand il se pare d’un vernis humaniste, ne résiste pas longtemps à la nécessité d’une lutte en toute indépendance de classe !
Flora Morand
Budget 2026, austérité, capitalisme : quelle place pour la solidarité dans le secteur associatif ? — Sommaire du dossier paru dans Révolutionnaires no46
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