
Lors d’un débat organisé par LCI et le journal Challenges le 27 novembre, Jean-Luc Mélenchon était « face aux patrons français »… ou plutôt « côte à côte » au vu de la position adoptée par le dirigeant de la France insoumise pendant plus d’une heure. Certes, devant trois patrons effrayés par la moindre taxation sur le capital et voulant faire la peau aux dépenses sociales, Mélenchon a par moments remis quelques pendules à l’heure. Mais il s’est surtout évertué à présenter sa politique comme une alternative gagnante… pour les patrons eux-mêmes : ils auraient intérêt à un État plus interventionniste qui remplirait leurs « carnets de commande », leur donnerait plus de prévisibilité économique grâce à la planification et les protégerait de la concurrence internationale à travers des mesures protectionnistes. Jusqu’à citer la Chine de Xi Jinping comme une source d’inspiration. Et si Mélenchon s’est démarqué du régime politique chinois, il y a un petit hic dans la démonstration : le « miracle » de la croissance économique chinoise ne peut justement pas se comprendre sans la répression politique et patronale qui l’accompagne et permet la surexploitation de centaines de millions de travailleurs.
Mélenchon a continué en faisant l’éloge de Serge Dassault, un patron qui serait resté « un parfait patriote » dans la mesure où il n’aurait pas été coupable d’évasion fiscale… Mais qu’en pensent les ouvriers des usines Dassault et les peuples victimes des bombes lâchées par les avions de combat qui y sont produits ? Si Mélenchon se démarque aujourd’hui des discours va-t-en-guerre, de telles odes au « patriotisme économique » renforcent le nationalisme ambiant tout en faisant croire à une communauté d’intérêts entre patrons et travailleurs.
Postulant à la tête de l’État français, Mélenchon a finalement tout fait pour se présenter comme un homme politique responsable, bien loin de toute forme de radicalité. Le mot « luttes » a ainsi été opportunément gommé de son vocabulaire : disparus les appels à la grève générale et les proclamations d’anticapitalisme de septembre, alors que le climat social se réchauffait. Mais Docteur Jean-Luc et Mister Mélenchon sont bien une seule et même personne : d’un côté, il s’agit de surfer électoralement sur la colère sociale, de l’autre, de parfaire sa stature de « chef d’État » en devenir. Les travailleurs n’ont rien à y gagner… à part des illusions.
9 décembre 2025, Boris Leto
Commission d’enquête sur « les liens entre partis et islamisme » : ça patine sévère !
Avec la mise en place de cette commission à l’Assemblée, la manœuvre de la droite et l’extrême-droite était grossière. D’un côté, il s’agissait d’en remettre une couche dans la stigmatisation contre les musulmans ou supposés tels. De l’autre, de continuer la chasse aux sorcières contre LFI accusée à tout bout de champ d’antisémitisme en raison de sa dénonciation du génocide en Palestine. Un mois et demi plus tard, après maintes auditions de chercheurs et autres « experts » en la matière, toujours aucune preuve factuelle de cette supposée « cinquième colonne ». Jean-Luc Mélenchon, convoqué pour sa soi-disant complaisance avec l’islamisme, s’est fait un malin plaisir à retourner l’accusation : ne trouvait-on pas foule de politiciens de droite et d’extrême-droite dans la rue pendant la « manif pour tous » aux côtés de tous les conservateurs religieux, musulmans… et surtout catholiques, à l’image des fondamentalistes de Civitas ? Et Mélenchon de dénoncer une laïcité à géométrie variable s’attaquant surtout et avant tout aux musulmans.
Face à la débâcle en cours, Laurent Wauquiez, initiateur de cette commission, a carrément préféré se faire la malle, n’assistant même pas à l’audition de Jean-Luc Mélenchon samedi…