Les trois jours de grève appelés en décembre par les « rencontres nationales du travail social en lutte » approchent avec un objectif clair : riposter à la casse du secteur, obtenir des augmentations de salaire, refuser les suppressions de postes et combattre les politiques d’austérité.
La visée est aussi de regrouper toutes les luttes existantes dans le secteur, face à l’inertie des directions syndicales nationales. Une initiative précieuse dans cette période où la vapeur de la rentrée semble avoir été étouffée.
Une myriade de luttes recensées qui illustrent le carnage, mais aussi la riposte d’ampleur qui pourrait se structurer
Les syndicats et salariés du social et médico-social se battent contre le projet initié par Macron, au service du patronat, de fonder une convention collective unique. Il prévoit l’allongement de la journée de travail, la suppression de jours de congés, et l’avènement du salaire au mérite. La prochaine réunion de « négociation » se tiendra le 16 décembre, jour de grève. Mais au-delà du projet, les employeurs sapent déjà les conditions de travail et d’accueil.
Le groupe SOS, par exemple, a essuyé en novembre une grève inédite de ses salariés, contre la suppression du paiement des jours de carence. Une lutte nationale remarquée dans cette entreprise du social-business, où les syndicats peinent à s’implanter.
En Loire-Atlantique, l’équipe de l’ADPS44 a lancé une grève reconductible contre la décision du conseil départemental de leur sucrer quatre semaines de congés. Le 15 décembre, les grévistes appellent à les rejoindre à Nantes devant le conseil départemental. La mission de prévention spécialisée, dédiée aux jeunes des quartiers populaires, est clairement dans le viseur du gouvernement, qui y oppose sa politique de répression et de militarisation de la jeunesse.
À Toulouse, les salariés du foyer d’urgence du CDEF 31 ont fait éclater une grève en novembre après qu’un collègue a été gravement blessé en protégeant une adolescente d’un groupe de personnes venues l’agresser. Les grévistes ont pointé la responsabilité de la direction du foyer, mais aussi du conseil départemental de Haute-Garonne et du gouvernement, qui avaient tous été alertés des manques graves de matériel, de personnel, des risques pour les jeunes et les salariés. Cette mobilisation a été soutenue par beaucoup d’autres salariés partout en France, se reconnaissant dans les difficultés exprimées.
La vague de licenciements touche aussi le social
Depuis l’année dernière, les grèves contre les plans sociaux s’amoncellent : contre les 60 suppressions de postes à la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) en août 2024, les 450 licenciements à l’Association des paralysés de France (APF) en mai 2025, en même temps que 28 salariés de Don Bosco, association de protection de l’enfance du Finistère. En septembre 2025, une grève secouait le Secours catholique, qui a annoncé le licenciement de 155 de ses 932 salariés. Le 4 décembre dernier, 50 salariés de l’association Aides protestaient contre les 61 licenciements et la fermeture de services. La grève devrait se poursuivre les 16, 17 et 18 décembre.
Construisons partout un mouvement fort !
Tout est attaqué par les plans d’austérité du gouvernement et des patrons et le budget prévisionnel de 2026 promet des dégâts considérables, notamment dans le social. Les équipes militantes ont donc bien raison de ne pas attendre les directions syndicales pour agir. L’appel est déjà rejoint par une soixantaine d’organisations locales CGT, SUD, FSU, CNT, Unef, et a trouvé l’appui de quelques fédérations nationales. Des programmes de grèves, rassemblements, manifs, AG, sont déjà organisés à Paris, Grenoble, Nantes, Toulouse, Alès, Nîmes, Metz, Rouen. Ils font aussi le lien avec la Marche des solidarités qui se mobilise contre le racisme le 18 décembre.
Correspondantes