
Alors que le site de La Courneuve (93) d’Orangina rapporte 120 millions d’euros de bénéfices par an, la Direction centrale du groupe Suntory, deuxième groupe français de production de boissons non alcoolisées, a décidé de regrouper ce site en 2026 avec une autre usine pour atteindre 200 millions à terme.
Il est question dans un premier temps de licencier 49 salariés sur les 105 (dont 15 cadres et maîtrises) que compte le site de La Courneuve et de proposer aux autres de déménager… dans le Loiret ! De nombreux travailleurs ont une ancienneté importante, la moyenne d‘âge est de l’ordre de 40 ans, pas vraiment l’idéal pour repartir à zéro. Mais difficile aussi de retrouver du travail pour un ouvrier en Île-de-France.
L’annonce de la fermeture avait été faite dans le cadre d‘un CSE central le 2 octobre. Le site de La Courneuve n’y était pas représenté et les délégués des autres sites ont donné leur accord pour la restructuration sans en informer les travailleurs courneuviens. Le 13 novembre une journée de grève a été organisée dans l’usine de Seine-Saint-Denis, reconduite le 14 et suspendue le lendemain avec l’ouverture de négociations.
Le 19 novembre, après un meeting à la Bourse du travail de La Courneuve, une manifestation a été organisée jusqu’au site d’Orangina. 90 personnes y ont participé, aussi bien des salariés, que des soutiens syndicaux et politiques (LO et NPA-R). Dans les trois autres sites français de cette entreprise (Donnery dans le Loiret, Meyzieu dans la métropole de Lyon et Châteauneuf-de-Gadagne près d’Avignon), une grève de solidarité de deux heures a été menée le même jour.
Les ouvriers de la Courneuve ont des atouts dans le rapport de force. D’abord la direction compte sur eux pour former leurs collègues d’autres sites à la machine moderne de mise en bouteille qu’eux seuls savent utiliser. Au-delà de cette nécessité, chaque journée de grève coûte environ 150 000 euros au patron. La grève, c’est la force des travailleurs de la Courneuve mais c’est une force encore plus grande lorsqu’elle s’organise simultanément sur les 4 sites, dont pas un ne peut se rassurer en imaginant être épargné à l’avenir.
Les ouvriers de La Courneuve ne peuvent faire confiance à aucune solution institutionnelle, car l’État n’a que peu d’influence sur un groupe dont il défend en dernier ressort les intérêts. Les collectivités territoriales sont plus intéressées actuellement par un jeu électoraliste et ne peuvent pas faire grand’chose si ce n’est des déclarations. Les ouvriers ne peuvent compter que sur leurs propres forces et leur détermination pour arracher le maintien du site de production et sauver leur emploi. L’unité des quatre sites dans ce combat est absolument indispensable pour tenter de faire plier la direction du groupe si celle-ci constate qu’elle a plus à perdre à continuer le conflit qu’à céder.
9 décembre 2025, Pierre Mattei et Raphaël Preston
