Après le meurtre de Nahel, de nombreuses émeutes ont opposé des jeunes de quartiers populaires aux forces de police, coupables de violences racistes et anti-pauvres depuis des décennies. Jeudi 29 juin à 14 heures, à Nanterre, plusieurs milliers de personnes ont accompagné la mère et les proches de Nahel lors d’une marche blanche.
« Ce meurtre, c’est celui de trop »…
La vidéo diffusée sur les réseaux sociaux brise la stratégie du mensonge de la police et des médias qui cherchent à criminaliser les jeunes pour justifier les exactions à leur encontre. Impossible de fermer les yeux, impossible non plus de ne pas réagir, de ne pas vouloir se venger des années de répression dans les quartiers. C’est la colère et la volonté de justice qui dominent la marche. Justice qui ne sera jamais vraiment rendue avec la condamnation d’un seul policier.
« Il faut leur faire comprendre que maintenant c’est fini » comme le dit Youssoupha, mécanicien, qui a directement rejoint la marche avec ses enfants à la sortie du boulot parce qu’« il le fallait ». Si les enfants et les parents de ces familles ouvrières sont venus manifester, c’est parce qu’ils n’en peuvent plus du harcèlement quotidien de la police. Malina, qui travaille avec des adolescents, connaît les provocations constantes des flics : injonctions racistes, manque de respect, tutoiement systématique… de belles valeurs républicaines ! D’ailleurs, une adolescente questionne : « Vous en connaissez beaucoup des jeunes blancs qui se font tuer par la police ? » On comprend pourquoi les applaudissements rugissent quand un manifestant grimpe sur un pilier pour faire tomber le drapeau tricolore.
… et annonce la révolte
Les manifestants expriment un large soutien aux émeutiers du soir. Le fait que les meurtres commis par des policiers, pourtant connus de tous, ne soient jamais condamnés et qu’ils soient couverts par la justice, le gouvernement, les médias, conduit à ce sentiment de révolte.
Et il ne suffirait pas, pour stopper ces violences racistes, d’abroger la loi de 2017 qui autorise l’utilisation d’armes à feu en cas de refus d’obtempérer. Certes, on note, depuis 2017, l’augmentation des morts lors des contrôles de police. Mais les forces de l’ordre n’ont pas besoin d’armes de pointe pour tuer ! Adama Traoré est mort en 2016, suite à la violence de son interpellation par des gendarmes.
Derrière la recherche de justice, les manifestants affirment leur dignité face à la violence de la société capitaliste. L’heure n’est pas à appeler au calme ou à réformer la police comme le souhaite une partie de la gauche, mais bien à dénoncer ce corps de répression, qui n’est là que pour protéger un ordre social injuste. Ces violences policières, nous les avons subies récemment lors de nos mobilisations contre la réforme des retraites. Le combat que mènent les jeunes qui se révoltent doit être celui de toute la classe ouvrière.
Victor Roux