C’est l’été, il fait chaud, et on entre en plein dans le pic de la saison touristique à Marseille. Pour les travailleurs et travailleuses dont l’activité est fortement liée au tourisme, quand les effectifs ne suivent pas, c’est une sacré hausse de la charge de travail.
Les femmes de chambre « à l’assaut de la Bastille des salaires »1 pour le pont du 14 juillet
C’est dans ce contexte que les femmes de chambre de l’hôtel Marriott Vélodrome et du Novotel du Prado, employées par les société sous-traitantes Acqua et Primium (appartenant toutes deux au même groupe) se sont mises en grève le jeudi 13 juillet, de façon coordonnée.
Avec l’inflation qu’on connaît depuis des mois, leurs revendications principales concernent les salaires. Elles demandent la requalification de tout le monde au niveau de qualification AQS2 (agent qualifié, soit une augmentation jusqu’à 0,27 euro sur le taux horaire), mais aussi une prime de saison de 300 euros, une prime d’inflation, une prime de tenue et une augmentation de la prime de panier.
Elles dénoncent aussi une organisation du travail qui non seulement les oblige à travailler sous pression (à peine plus de 20 minutes pour nettoyer de fond en comble de grandes chambres, selon les savants calculs de l’algorithme qui fixe le rythme du travail), mais dans le cadre de contrats à temps partiel contraint – où les salaires sont insuffisants et où les heures sup’, souvent nécessaires pour terminer le boulot, ne sont quasiment jamais comptées.
La grève est aussi l’occasion d’affirmer qu’elles veulent en finir avec les pressions des petits chefs, avec les appels sur les jours de repos, et avec les petits arrangements avec le Code du travail qui avaient cours jusque là (sur le décompte des congés notamment).
Un piquet qui déménage
Après une première journée conjointe, les grévistes du Marriott Vélodrome ont reconduit la grève jusqu’à satisfaction de leurs revendications. Chaque matin depuis jeudi, les grévistes se sont retrouvées pour quelques heures de casserolade sous les fenêtres de l’hôtel – au grand dam des gérants (et de ceux des hôtels voisins !) qui les supplient de ne pas trop déranger la clientèle… Eux qui se défaussent sans cesse sur les sous-traitants pour se dédouaner de leurs propres responsabilités !
La grève reprendra lundi, avec, on n’en doute pas, la même énergie et la même détermination à faire plier les patrons. Ah ! ça ira, ça ira, ça ira…
Correspondants
Solidarité avec Walter !
À Marseille, c’est loin d’être la première grève des « petites mains invisibles ». Pendant le mouvement des retraites, plusieurs casserolades ont été organisées par les travailleurs du nettoyage avant de rejoindre les manifestations. En 2022, les grévistes de Laser imposaient à l’Agence régionale de santé Paca un changement de sous-traitant… et donc de patron pour eux. Et en 2019, les femmes de chambre du NH Collection avaient enchaîné 167 jours de grève reconductible.
Le syndicat CNT-Solidarité ouvrière se retrouve au centre de la plupart de ces grèves, et rassemble les travailleuses et travailleurs combatifs du secteur. Mais voilà qui dérange le patronat ! Fidèle soutien de la grève de 2019, Walter a été arrêté, en compagnie de trois autres grévistes et soutiens, lors d’une des nombreuses descentes musclées de la police pour briser le mouvement et déloger le piquet. Après quatre ans d’une procédure injuste, il a été condamné à 14 000 euros€ de dommages et intérêts. Pour le patronat, la vengeance est un plat qui se mange froid. Mais la solidarité s’organise. Le NPA 13 apporte tout son soutien à Walter, et appelle à verser à la cagnotte de soutien : https://www.papayoux-solidarite.com/fr/collecte/greve-nh-marseille-solidarite-contre-la-repression-judiciaire
1 Clin d’œil du tract de la CNT-Solidarité ouvrière qui soutient et accompagne le mouvement.