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L’affaire Ferracci… ou le juteux business du chômage !

Le député Renaissance qui était rapporteur du nouveau projet de loi « Plein emploi », porté par Olivier Dussopt, n’est autre que Marc Ferracci, qui se trouve être actionnaire d’une holding familiale dont les filiales sont parmi les plus gros acteurs sur le marché des sous-traitants de Pôle emploi.

Un projet qui pourrait rapporter gros au co-rapporteur

Le média Blast apporte des détails éclairants sur l’entreprise, qui répond au nom d’Aksis, principal opérateur privé de Pôle emploi et dont l’ensemble de l’activité est gérée par une co-entreprise nommée Alliances Compétences, partagée entre Aksis et Sémaphores. Sémaphores, détenue par Pierre Ferracci, est une filiale du groupe Alpha (dont Secafi est une filiale connue), acteur privé du social en France (cabinet de conseil pour les entreprises, les CHSCT et les CSE). Son fils, Marc Ferracci, qui a travaillé dans une filiale du groupe Alpha entre 2012 et 2017 et détient un gros tiers des parts de la holding familiale Icare, possédant des parts du groupe Alpha, est aussi député Renaissance… et co-rapporteur du projet de loi « Plein emploi » dont l’un des objectifs principaux et annoncés est d’élargir le champ d’action du privé autour de France travail, dont Aksis est aujourd’hui un des acteurs principaux. À travers Aksis, ce sont les intérêts d’Alliances Compétences qui sont servis, donc de Sémaphores, donc du groupe Alpha, donc des Ferracci père et fils. On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Voilà en résumé comment les capitalistes et le gouvernement Macron à leur service font du chômage un business.

La sous-traitance des plans de licenciements : un marché juteux depuis longtemps

Déjà à l’époque des plans de licenciements dans la sidérurgie, la Sodie était chargée de reclasser les licenciés. Cette filiale a été dirigée par Raymond Soubie, conseiller social de Sarkozy. Au début des années 2000, Pierre Ferracci, dirigeant du groupe Alpha, rachète la Sodie. Ce groupe, initialement spécialiste de l’assistance aux CE et CHSCT (et par là même proche de la direction de la CGT), a évolué pour « investir tous les champs de la chaîne de l’emploi ». De 2008 à 2016 le groupe Alpha – via sa filiale Sémaphores – profite pleinement de la sous-traitance.

286 millions d’euros pour la sous-traitance depuis 2018 : dommage de ne pas en profiter

En 2021 donc, Sémaphores (filiale du groupe Alpha) et Aksis (58 millions de chiffres d’affaires en 2021, premier prestataire privé de Pôle emploi) s’allient pour profiter ensemble de ce gâteau. Depuis sa création en 2010, Pôle emploi délègue massivement le suivi des intérimaires et salariés en contrats courts à Aksis dans le cadre du programme « Un emploi stable, c’est pour moi » (notons qu’est considéré comme un emploi stable un contrat d’au moins six mois…). Chaque entretien est facturé 75 euros à Pôle emploi – autant donc multiplier les entretiens…

Et France travail va permettre d’augmenter le volume

Le projet de loi défendu par Marc Ferracci prévoit donc l’inscription obligatoire des personnes qui demandent le RSA (et de leur conjoint ou conjointe), c’est-à-dire au minimum un million de personnes. En 2019, le même Ferracci avait défendu la contre-réforme de l’assurance-chômage qui à la fois allongeait la durée nécessaire de travail pour être éligible aux allocations et modifiait radicalement le mode de calcul des allocations. Et pour finir, il était favorable à la réduction de 25 % de la durée…

À tous les coups on gagne

Les patrons sont gagnants sur tous les tableaux : ils licencient pour augmenter leurs profits, les sous-traitants font du fric en « accompagnant » les chômeurs et la baisse des allocations augmente la pression pour accepter un contrat de six mois.

Depuis la sortie de l’enquête du magazine Blast, Marc Ferracci a démissionné de son poste de rapporteur du projet de loi. Mais le projet, adopté par le Sénat, est toujours là et sera examiné en septembre à l’Assemblée nationale.

Lucas Duval