Pour le dernier week-end du mois des fiertés, la Pride officielle marseillaise (organisée par Pride Marseille Organisation) devait avoir lieu. Pour ne pas « détacher les luttes pour le droit des minorités visibles du contexte politique et social qui le façonnent », une inter-organisation, dans laquelle le NPA 13 était investi, appelait à un cortège anticapitaliste et anti-impérialiste dans cette Pride1.
Après le meurtre de Nahel et l’explosion de colère qu’il a provoquée contre cet État raciste, impérialiste et réactionnaire, les flics étaient occupés à matraquer des minots et les placer en GAV, par centaines, et ne pouvaient donc pas « assurer la sécurité de la marche » – disaient-ils. Reportée, donc, la Pride officielle, sur demande de la Préfecture2. Mais de quelle sécurité parle-t-on vraiment ? C’est cette même police qui attaque des bars LGBTI3, interdit une Pride radicale à Lille, agresse sexuellement des manifestantes4 !
Justice pour Nahel ! La révolte est légitime, stop à la répression !
Malgré l’annulation de la Pride institutionnelle, un rendez-vous a été maintenu par l’inter-organisation radicale avec une banderole colorée et surtout, sous les paillettes, la rage. Plus de cinq cent personnes se sont ainsi réunies au milieu de la porte d’Aix, pour dénoncer l’État policier et son pinkwashing insultant. La manifestation a démarré, derrière une banderole « Justice pour Nahel, Souheil, Zineb et toutes et tous les autres5 ! Pas de fierté pour l’État policier, pas de policiers dans nos fiertés6 », pour dénoncer les violences policières, qui sévissent déjà, depuis des décennies dans les quartiers populaires avant qu’elles ne se généralisent dans les manifestations, mais aussi pour dénoncer la transphobie, l’extrême droite et les LGBTI-phobies, et réaffirmer que la seule solution face à ce système est la révolution.
Nos ennemis communs, les capitalistes et les médias à leur botte, exposent toujours les mêmes arguments réactionnaires. Quand ce n’est pas la PMA pour les lesbiennes et les personnes trans qui offusquent la bourgeoisie, c’est telle ou telle boutique cassée pendant l’insurrection, ces derniers jours, des jeunes des quartiers populaires. Cette vague réactionnaire n’est pas un accident, mais le résultat d’un capitalisme en crise. Après avoir, violemment, réprimé les Gilets jaunes et les travailleuses et travailleurs lors de la bataille contre la réforme des retraites, le gouvernement envoie le GIGN, le RAID et toute sa clique sur les jeunes des quartiers populaires. Mais face à des discours cherchant à nous diviser, c’est par nos luttes que nous nous retrouvons.
En traversant le quartier de Belsunce7, de nombreux habitant-es sortent à la fenêtre, des passant-es s’arrêtent pour prendre des photos ou crier aussi leur colère : « Pas de Justice, pas de paix ». Quelques unes iront jusqu’à rejoindre la manifestation.
Notre solidarité est de classe, loin de celles des commerçants qui, après avoir affiché des arcs-en-ciel pendant le mois de juin sur leurs vitrines, se dépêchent de fermer leurs magasins sur le trajet de la manifestation – les mêmes qui ont manifesté devant les mairies pour demander un « retour à l’ordre ». Ce système contre lequel les jeunes se sont révoltés en faisant tomber quelques vitrines, est le même qui opprime et exploite, aussi, les personnes LGBTI. Nous ne nous ferons pas avoir par les capitalistes qui essaient de se réapproprier nos luttes.
Antiracistes, anticapitalistes, féministes, anti-impérialistes, anti-flics, fièr-es et révolutionnaires tant qu’il le faudra !
Depuis les années 80, les réformistes se réapproprient le mouvement LGBTI alors que ce sont les militants et militantes LGBTI révolutionnaires qui sont à l’origine des révoltes de Stonewall, qui ont lutté pour les droits de toute la communauté. Tout comme la première Pride est née de ces émeutes, qui ont eu lieu face aux violences policières, parfois face aux meurtres, contre les minorités de genre et principalement, à ce moment là et aujourd’hui, contre les sans papiers, les femmes trans migrantes et non-blanches. De Stonewall à aujourd’hui seules nos luttes et la révolution paieront !
Dans ce contexte, en tant que révolutionnaires, nous devons montrer comment l’exploitation capitaliste entretient l’oppression des femmes et des LGBTI, mais aussi des personnes racisées (effectuant les métiers les plus précaires, en particulier les femmes ; ou étant constamment discriminé-es, insulté-es). Et également, comment les luttes menées par les travailleuses et travailleurs, exploité-es doivent être celles pour l’émancipation générale de l’humanité et non pour la minorité qui l’exploite. Ce qui implique d’investir toutes les mobilisations contre les oppressions avec une approche de classe.
Le comité jeunes du NPA Aix-Marseille
1 Appel de l’inter-organisation signé par le NPA, Révolution Permanente, la LFI-Jeunes Insoumis, la Gauche Écosocialiste 13 et de nombreux collectifs et associations comme Marseille vs Darmanin, Collages Féministes Marseille, Marseille 8 Mars, Transat, Parastoo…
2 Communiqué Pride Marseille du 30 juin. À noter que le communiqué condamne « les violences policières ».
3 Comme le 28 mars, dans le bar féministe et lesbien « Bonjour Madame », dans le 11e arrondissement de Paris.
4 Nantes : quatre étudiantes accusent la police de violences sexuelles
5 Zineb, tuée le 2 décembre 2018 à Marseille par un tir de grenade lacrymogène alors qu’elle fermait ses volets pendant une manifestation des Gilets jaunes. Souheil, tué le 4 août 2021 par la police pendant un contrôle routier dans le quartier de Saint-Mauront.
6 Référence à la volonté de l’association de policiers et gendarmes LGBT+ FLAG ! de manifester dans les Prides.
7 Quartier du centre de Marseille, particulièrement touché par les révoltes des nuits précédentes.