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À bas l’extrême droite et ses tentatives de division au profit des capitalistes

Intervention au meeting de Lyon du 28 mai 2024

On pense que c’est difficile dans cette campagne, de ne pas évoquer la question de l’extrême droite. Les sondages d’intentions de vote pour les Européennes montrent une progression assez importante de ces partis, et nous on veut discuter de pourquoi l’extrême droite est l’ennemie des travailleurs et des travailleuses, et comment on peut la combattre. Le candidat du Rassemblement national, Jordan Bardella, est annoncé à 32 % dans les sondages, tandis que Marion Maréchal, candidate de Reconquête, est à 7 %. Dans toute l’Europe, les partis d’extrême droite progressent, même dans les pays comme le Portugal où leurs scores étaient jusqu’à présent historiquement bas. L’extrême droite pourrait obtenir un quart des sièges au Parlement européen.

En France, Bardella et Le Pen tentent de se présenter comme une alternative à Macron et à son gouvernement, affirmant qu’on ne les aurait pas encore « essayés ». Mais, l’extrême droite au pouvoir dans un pays européen, c’est déjà fait : et partout où ils se trouvent, ces partis proposent des programmes antisociaux et réactionnaires. Pour pallier le manque de main-d’œuvre en Hongrie, le gouvernement de Viktor Orbán a démantelé le Code du travail et a fait passer le nombre d’heures supplémentaires autorisées de 250 à 400, et ces heures, elles peuvent être payées au bout de trois ans ! En Italie, la présidente d’extrême droite Giorgia Meloni a elle aussi fait des cadeaux au patronat : elle promettait pendant sa campagne une taxe de 40 % sur les superprofits qu’elle n’a absolument pas mise en place, au contraire elle a accordé 950 millions d’euros de subventions publiques à Stellantis, un gros groupe de l’automobile, pour qu’il maintienne une partie de sa production en Italie.

Il faut ajouter que ces deux gouvernements, malgré tous leurs discours profondément racistes, ne se privent par contre pas pour faire venir de la main-d’œuvre immigrée pour occuper les boulots aux conditions de travail les plus difficiles, pour faire des immigrés une main-d’œuvre pas chère et corvéable à merci pour le patronat.

L’extrême droite s’attaque aussi aux droits des femmes et des LGBTI, comme le gouvernement d’Orbán en Hongrie, qui considère les LGBTI comme des « ennemis intérieurs », qui traque les livres parlant d’homosexualité ou de transidentité, qui force les femmes à écouter les battements de cœur du fœtus pour pouvoir avorter. En Italie, Meloni est aussi partie en croisade contre les personnes homosexuelles, annonçant vouloir retirer les droits parentaux aux mères non biologiques des enfants nés par PMA. En France, Marine Le Pen a voté pour l’inscription de l’IVG dans la Constitution, mais il faut rappeler qu’elle s’était opposée à l’allongement à 14 semaines du délai pour avorter.

Alors bien sûr, le Rassemblement national tente de se donner une image respectable. Marine Le Pen a interdit à ses militants de participer à la manifestation du 11 mai, où 600 néonazis ont défilé dans Paris, portant des cagoules, des croix celtiques et chantant des slogans identitaires. Mais plusieurs passants ont montré leur vrai visage, en dénonçant ce défilé de racistes. Et les partis comme le PCF ou la France insoumise se sont désolés que la manifestation n’ait pas été interdite : mais nous, ce qu’on propose pour lutter contre l’extrême droite, ce n’est pas de réclamer que l’État interdise leurs manifestations, nous on est convaincus que ce sont les mobilisations de la classe ouvrière et de la jeunesse, dotées d’un programme qui affirme l’urgence d’en finir avec le capitalisme, qui permettra d’enrayer l’avenir réactionnaire qu’on nous promet !

Mais derrière l’entreprise de dédiabolisation du RN, se cache toujours le même programme. L’extrême droite ne propose aucune perspective d’émancipation pour notre classe, mais un projet profondément réactionnaire qui profite en premier lieu aux capitalistes de toutes nationalités.

Et c’est une totale illusion de penser que Macron va faire rempart à l’extrême droite, comme promis en 2022, pour finalement appliquer son programme ! D’un côté Macron se vante d’inscrire l’IVG dans la Constitution, de l’autre, il parle de réarmement démographique, considérant que les femmes devraient « produire » des gamins à la chaine pour réarmer le pays et participer à un effort de guerre. La vérité, c’est que la lutte contre l’extrême droite ne pourra que passer par la lutte des travailleurs et des travailleuses, de tous les pays, dotés d’une indépendance de classe vis-à-vis de la bourgeoisie, et de perspectives révolutionnaires.

Alors que ce soit face à l’extrême droite ou face au gouvernement de Macron, seules nos luttes nous permettront de conserver nos droits et d’en gagner de nouveaux. Rien n’est jamais acquis dans ce système capitaliste, et ce n’est pas une constitutionnalisation de l’IVG qui permettra de la garantir. La preuve : ces 15 dernières années, c’est pas moins de 130 centres d’IVG qui ont fermé en France ! Alors oui, il va falloir se battre pour que ce droit soit appliqué, en France, en Europe et partout dans le monde, comme en Amérique latine où les femmes se sont battues durant des années et ont obtenu le droit à l’avortement en Colombie et en Argentine. En Argentine, où aujourd’hui, ce droit est remis en cause par le dirigeant d’extrême droite Javier Milei.

Leur projet, à l’extrême droite, c’est celui d’une Europe forteresse avec toujours plus de barbelés, avec des frontières de plus en plus meurtrières pour celles et ceux qui tenteraient de les franchir. Mais les États de l’Union européenne n’ont rien à envier à ce programme qu’ils appliquent déjà depuis des années, et d’ailleurs ils trouvent bien suffisamment d’argent pour Frontex, leur police aux frontières, qui dispose d’un budget de 750 millions d’euros par an et des effectifs de plusieurs milliers de garde-frontières ! Leur politique criminelle a déjà fait plus de 25 000 morts depuis 2014, c’est-à-dire plus de 25 000 migrants et migrantes tuées, car ils cherchaient à rejoindre l’Europe, fuyant la misère et la guerre dans leur pays, causées par les intérêts des États impérialistes, notamment de la France.

Quand elles parviennent à arriver en Europe, les personnes migrantes n’en ont pas fini avec ce parcours du combattant : elles doivent encore se battre face à la répression policière, le
racisme d’État, le risque de placement en centre de rétention et la surexploitation par les patrons qui profitent de la situation précaire des sans-papiers. Face à l’Europe des barbelés, nous on défend la solidarité internationale de tous les travailleurs et nous revendiquons l’ouverture des frontières, et la liberté de circulation pour toutes et tous !

Le gouvernement Macron n’a rien à envier non plus au programme des partis d’extrême droite puisqu’il a voté main dans la main avec le RN la nouvelle loi asile-immigration qui précarise davantage les personnes migrantes avec le nouveau titre de séjour temporaire qui rend encore plus malléable cette main-d’œuvre pour le patronat : tant qu’on a besoin de toi, tu peux rester, tu peux trimer, mais une fois qu’on n’a plus besoin de toi, tu vas être considéré en situation irrégulière, recevoir une OQTF, être traqué par la police, enfermé dans les CRA et renvoyé dans ton pays d’origine. C’est aussi le gouvernement Macron qui a lancé à Mayotte l’opération Wuambushu pour expulser les personnes en situation irrégulière, détruire leurs habitations, expulsant pêle-mêle des enfants, des personnes âgées en faisant preuve d’une violence très importante, avec des tirs à balle réelle. Ils ont lancé une nouvelle opération « place nette », effectuant des dizaines d’arrestations et démantelant des habitations de fortune, laissant à nouveau des gens à la rue.

C’est toujours le gouvernement Macron qui a réprimé la mobilisation en Nouvelle-Calédonie, la semaine dernière, où la révolte des Kanak s’est exprimée suite à des manifestations massives contre le projet d’élargir le corps électoral aux colons installés depuis dix ans. Le gouvernement veut s’assurer que le peuple kanak reste minoritaire sur ses propres terres, situées à plus de 15 000 kilomètres de la France, en dépit de son droit à l’autodétermination. Et pour mater toute contestation, a déjà envoyé des milliers de flics et de militaires sur place. Nous apportons notre soutien aux jeunes en Nouvelle-Calédonie, révoltés par le colonialisme et la misère instaurée par l’impérialisme français !

Et l’extrême droite agite partout où elle se trouve le racisme, la xénophobie, le nationalisme, se nourrissant de la misère dont elle fait porter la responsabilité sur l’immigration, qui volerait le travail des Français, avec la théorie du grand remplacement, qui pomperait les aides sociales et qui ruinerait la culture française. En avril, Marine Le Pen a débarqué à Mayotte, dans la foulée de la nouvelle opération « place nette » du gouvernement, et d’après elle, tous les problèmes à Mayotte, que ce soit le manque de logements, la crise de l’eau, les déserts médicaux ou le manque d’enseignants, seraient dus aux immigrés comoriens, pauvres parmi les pauvres sur l’île.

Mais nous on dit que cette guerre menée aux migrants, c’est une guerre contre toute notre classe, car oui, ce sont nos collègues, dans les hôpitaux, dans les entreprises de nettoyage, dans les chantiers, à la Poste, dans les restaurants, dans les exploitations agricoles : les migrants et migrantes font partie de notre classe. Ils cherchent à diviser les travailleurs en agitant des arguments racistes et nationalistes : mais ce n’est pas la faute des migrants s’il n’y a pas de moyens dans les hôpitaux ou dans l’éducation, ce n’est pas la faute des migrants si les salaires sont bas, s’il y a des plans de licenciements, pas plus que la faute des travailleurs des autres pays européens où les usines peuvent être délocalisées, n’en déplaise au PCF qui fait la promotion de la préférence nationale, jouant ainsi le jeu de l’extrême droite et mettant toujours plus les travailleurs en concurrence.

Nous, face à ces attaques, face à ces lois racistes et anti-sociales, nous l’affirmons : régularisation immédiate de tous les sans-papiers et droit à des conditions de vie dignes pour toutes et tous. Non, ce n’est pas la faute des migrants, mais bien des capitalistes de tous les pays, bien main dans la main pour nous exploiter toujours plus et augmenter leurs profits. Mais face à eux, on a une force, c’est notre nombre : ensemble, on peut les faire reculer. Face à la division des travailleurs qu’ils mettent en place, nous devons par les luttes, les grèves, les mobilisations, les faire reculer et en finir avec 40 ans de politiques antisociales et racistes !