« L’Assemblée a dit non à la retraite à 64 ans » titrait le journal L’Humanité du 6 juin. « À compter de ce jour, l’exécutif ne peut plus ignorer la volonté du peuple » proclamait le groupe des députés communistes à l’Assemblée et toute la gauche, de LFI aux écologistes, de se réjouir. Et la CGT d’y aller aussi de son couplet : « Ce jeudi 5 juin 2025 a enfin permis que la représentation nationale se prononce en faveur de l’abrogation de la réforme des retraites portée par Macron et le Medef. »
Que de bruit pour par grand-chose. Le 5 juin le groupe communiste à l’assemblée avait profité de sa « niche parlementaire » (le jour où un groupe peut choisir l’ordre du jour) pour proposer un vote de principe pour l’abolition de la réforme des retraites de 2023. Et c’est surtout pour soutenir cette initiative que la direction de la CGT avait choisi cette date pour appeler à une journée de grève. Une journée de grève nationale assez peu suivie, tant les objectifs semblaient flous, sauf dans des entreprises ou secteurs où des travailleurs ont saisi cette occasion pour mettre en avant, eux, leurs propres revendications.
Quant à ce vote au Parlement, il est sans utilité, puisqu’il ne s’agit que d’une simple résolution, un bout de papier qui ne décide de rien. La « représentation nationale » s’y était peu déplacée : 233 députés sur 577 ont pris la peine de voter, en gros ceux qui étaient pour (198 pour). Et ce que les discours de victoire des députés de gauche oublient de dire, c’est que texte de la gauche a aussi fourni l’occasion aux députés du RN, les pires ennemis des travailleurs, de se donner une allure populaire en votant pour, sans aucun risque, et de s’empresser de déclarer dans la foulée que les Français pourraient « compter sur Marine Le Pen et Jordan Bardella pour véritablement abroger » la réforme.
Vendredi 6 juin, le Conseil d’orientation des retraites en rajoutait, préconisant de reculer prochainement l’âge de la retraite de 64 à 66,5 ans ! Et là encore, loin d’en appeler à la colère des travailleurs, la secrétaire générale de la CGT se contentait de déclarer que ce rapport « n’est pas définitif », qu’il doit encore être validé par les partenaires sociaux et qu’elle compte bien à cette occasion le faire modifier.
Il va falloir plus de lutte que de niches parlementaires ou dialogues avec les partenaires sociaux du patronat pour renverser la vapeur.
10 juin 2025, Olivier Belin