À la différence de la régie parisienne, le réseau lyonnais était déjà exploité sous forme d’une DSP depuis longtemps, et donc permettait déjà la concurrence… sur le papier. En pratique, il n’y a aucun concurrent face à l’opérateur historique (une filiale de Keolis), en raison de la taille importante du réseau et de sa complexité (bus, métros, tramways, funiculaires…).
Après leur victoire aux dernières élections métropolitaines de Lyon en 2020, les écologistes ont décidé de découper le réseau en un « mode bus » et un « mode lourd », respectivement attribués à Keolis et à RATP Dev. Les « relations usagers » (notamment les agences commerciales) seront directement gérées par l’AOM (nommée Sytral).
Dès l’annonce de cette décision, le président du Sytral, a envoyé un courrier à tous les salariés afin de les rassurer : rien ne changera pour eux, les conditions de travail, les rémunérations, etc, tout est protégé par un « socle social ». Prétexte aux organisations syndicales pour déposer les armes face au projet, ce « socle » existait déjà dans toutes les DSP sous une autre forme. La nouveauté est que le Sytral peut mettre fin au contrat de l’opérateur s’il remet en cause le socle. Il « peut », mais rien ne l’y oblige. Si le Sytral souhaite laisser faire (comme il l’avait fait en 2009 en soutenant sans réserve Keolis qui dénonçait tous les accords d’entreprise préexistants), ce socle social ne protégera nullement les travailleurs du réseau. Sans parler des nouveaux embauchés, qui pourraient faire l’objet d’un traitement de défaveur, comme on l’a vu à la RATP, à la SNCF et ailleurs.
Bertrand Karmann