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À peine nommé Premier ministre, Attal passe à l’attaque contre les travailleurs

Gabriel Attal, en déplacement dans les Vosges le 1er mars, a annoncé sa volonté de multiplier les contrôles des chômeurs par les services de France travail (ex-Pôle emploi) jusqu’à arriver au chiffre de 1,5 million, soit trois fois plus que l’an dernier… Le 25 février, dans Le Journal du dimanche, il avait déclaré : « On est passé de 24 mois à 18 mois de durée d’indemnisation, on peut encore la réduire. On peut aussi accentuer la dégressivité des allocations, cela fera partie des discussions. » En novembre dernier, Bruno Le Maire martelait déjà qu’il fallait réduire la durée d’indemnisation des seniors. Toujours pour stigmatiser ceux qui bénéficient des aides sociales, le gouvernement vient d’étendre à 47 départements le dispositif de RSA sous condition qu’il veut généraliser en 2025 : pour toucher le RSA, il faudra faire des stages « d’insertion » de 15 à 20 heures. Au choix, formations bidons ou travail gratuit !

S’en prendre aux chômeurs, pas au chômage

En quoi des mesures comme diminuer la durée d’indemnisation des chômeurs, réduire le montant des allocations ou multiplier les contrôles sont-elles susceptibles de créer un seul emploi ? Pour l’instant, qu’on sache, l’heure est aux licenciements.

Pourquoi le gouvernement ne réserve-t-il pas ses contrôles aux entreprises qui ont des salariés payés jusqu’à 1,6 fois le Smic – autant dire toutes les entreprises ! – et bénéficient d’exonérations et de subventions pour, paraît-il, créer des emplois1 ? Et ne le font pas ! Mais le gouvernement préfère désigner les chômeurs à la vindicte publique. Il n’a toujours pas l’intention de s’en prendre au chômage, une arme trop commode entre les mains du patronat pour faire pression sur les salaires. Il ne lutte pas contre le chômage, il lutte contre les chômeurs !

Des annonces qui vont bien au-delà d’une simple campagne électorale

Attal est en campagne électorale pour les élections européennes et chasse sur les terres de la droite et de l’extrême droite. Mais on se tromperait en pensant qu’il s’agit de simples arguments démagogiques de campagne. À travers les chômeurs, le gouvernement prépare de nouvelles attaques contre tous les travailleurs.

Bruno Le Maire vient de plus d’annoncer l’annulation de 10 milliards d’euros du budget, tous pris sur les secteurs utiles aux classes populaires, comme les 700 millions sur l’Éducation nationale. Au nom du fait qu’il faudrait éponger les dettes.

Mais où et quand le gouvernement a-t-il emprunté pour des mesures au service des travailleurs ? En revanche, il multiplie les subventions aux entreprises. Rien que les exonérations de cotisations sociales octroyées aux patrons ont coûté 75 milliards sur le budget 2023. Et, comme le Smic rattrape les bas salaires, il y a de plus en plus de travailleurs payés au Smic, et il y aura donc de plus en plus d’exonérations de cotisations sociales. Enfin, rien que les dividendes versés aux actionnaires par les entreprises du CAC 40 ont représenté 97 milliards en 2023. Et c’est dans la poche des classes populaires que le gouvernement va chercher les 10 milliards qu’il affirme devoir économiser ?

La vérité est qu’il ne s’agit absolument pas d’une nécessité économique. Pas plus que la réforme des retraites hier ou les réformes passées et à venir de l’assurance-chômage. Le gouvernement, comme ses prédécesseurs, cherche bien sûr tous les moyens de réduire la part des classes populaires dans le revenu national pour abonder celle des riches. Pendant que les bruits de botte se font de plus en plus entendre, il voudrait disposer de travailleurs muselés, taillables et corvéables à merci. Alors, le gouvernement attaque… pour attaquer.

Seule une riposte d’ensemble des travailleurs pourra arrêter l’offensive du gouvernement et du patronat.

Jean-Jacques Franquier

 

 

(Article paru dans Révolutionnaires numéro 11, mars 2024.)

 

 

1  « Les salaires payés au Smic sont quasiment totalement exonérés de cotisations patronales », explique le site d’expertise comptable en ligne Amarris. De fait, sous un très large éventail de conditions, les exonérations de la part patronale des cotisations sociales sont dégressives, depuis l’exonération totale pour les salaires payés au Smic jusqu’à la fin de l’exonération pour les salaires de 1,6 fois le Smic.