Trump a composé son gouvernement en attendant d’entrer en fonction le 20 janvier prochain. Aux politiciens d’habitude attendus à ces postes, il associe un barnum bigarré issu de l’extrême droite et des médias.
La compétence n’est pas un critère de recrutement
Les états-majors de l’armée ou de la CIA vont avoir de quoi s’amuser. Le secrétaire à la Défense, Pete Hegseth, est un ancien sous-officier, défenseur de criminels de guerre, qui se plaint d’avoir été écarté de l’armée pour ses idées. La future cheffe des services de renseignement, Tulsi Gabbard, s’est illustrée en reprochant l’invasion de l’Ukraine non à Poutine, mais à… l’OTAN.
D’autres bêtes de foire du cirque Trump feront des dégâts plus graves. La cofondatrice milliardaire de la fédération de catch WWE Linda McMahon est secrétaire à l’Éducation pour mener une chasse aux idées progressistes. Quant à la santé, Trump l’a confiée au complotiste antivax Robert Kennedy Jr. La campagne de fake news menée en 2018 par son « Centre pour la défense des enfants » dans les îles Samoa a contribué à geler la vaccination contre la rougeole. En 2019, une épidémie touchait 5 700 Samoans et en tuait 83, surtout des enfants. Les États-Unis sont 1 730 fois plus peuplés : de quoi faire bien pire…
Le règne des milliardaires
Enfin, le duo de milliardaires Elon Musk et Vivek Ramaswamy doit sabrer dans les dépenses publiques. Ramaswamy est climatosceptique et anti-avortement. Musk, qui insultait Trump publiquement il y a encore deux ans, est devenu quasiment son bras droit depuis son élection. Lui et Ramaswamy prétendent supprimer 75 % des emplois publics fédéraux. C’est à l’évidence du bluff. D’autant que les salaires de ces agents ne pèsent que 5 % du budget fédéral. Pour faire passer ce dernier de 6 000 à 4 000 milliards, il faudrait cesser d’arroser les capitalistes… comme Musk. Sa société SpaceX a reçu 15 milliards de dollars d’argent public depuis 2010. Sans la Nasa, qui en a fait son principal sous-traitant pour ne plus dépendre des fusées russes, SpaceX n’existerait pas. Quant à Tesla, elle a touché 2,8 milliards de dollars de l’État fédéral et 1,3 milliard de l’État du Nevada. L’usine de SolarCity, autre entreprise de Musk, à Buffalo a coûté 750 millions à l’État de New York et seulement 150 millions à ses actionnaires.
L’arnaque des idées « libertariennes »
Les libertariens à la Musk prétendent lutter contre l’emprise de l’État. Ils s’en prennent en fait à ses quelques fonctions utiles pour la population. Musk cible déjà le planning familial, l’éducation, les derniers médias publics et même l’IRS, l’agence qui collecte les impôts. Lui et Ramaswamy clament qu’ils travailleront gratis. Sur X, ils recrutent pour l’instant des stagiaires non rémunérés. Mais, comme dit le dicton, « si c’est gratuit, c’est vous le produit ». De fait, Elon Musk pourrait bien tirer un profit inégalé, même pour lui, première fortune mondiale, de son nouveau job.
24 novembre 2024, Mathieu Parant