
Après la condamnation de Lyes Touati, militant du PST (Parti socialiste des travailleurs, parti trotskiste suspendu par le gouvernement en janvier 2022), nous publions ci-dessous le message de protestation et d’information que nous envoie un militant d’Algérie. Toute notre solidarité à Lyes et tous les militants, anciens du Hirak et militants ouvriers réprimés, que le régime de Tebboune voudrait faire taire.
Le camarade Lyes Touati vient d’être condamné à six mois de prison ferme avec une amende de 100 000 dinars (400 euros). Pour quel motif ? En cause un post Facebook qui remonte au mois de janvier dernier dans lequel il suggérait l’écoute et l’accompagnement des lycéens en lutte en lieu et place de la matraque et de la répression. Un verdict inique qui intervient tout juste une semaine après les propos de Tebboune tenus face caméra où il affirmait veiller au respect de la liberté d’expression.
Un contraste saisissant entre les discours et la réalité des faits qui les démentent quotidiennement. Comme en témoignent les nombreuses condamnations prononcées contre différents militants, syndicalistes ou simples citoyens, pour des motifs tout aussi ridicules qu’injustes, conséquence directe d’une approche sécuritaire adoptée depuis la fin du Hirak par le pouvoir actuel.
Un climat répressif
Le jour même du procès de notre camarade Lyes, la police avait procédé à l’interpellation d’un autre militant, du MDS (Mouvement démocratique et social, issu du PAGS, l’ancien parti communiste algérien) suivie de la perquisition de son domicile pour avoir qualifié Tebboune sur la chaine El Magharibia « d’incompétent qui ignore les pratiques démocratiques ». Il a cette fois-ci échappé à la prison et s’en est sorti avec un contrôle judiciaire. Il rejoint ainsi la longue liste de militants et de syndicalistes (de l’éducation) soumis à des contrôles judiciaires pour avoir dénoncé les politiques du pouvoir ou pour avoir organisé des grèves et des rassemblements. La militante Abla Guemmari a été, elle, emprisonnée pour avoir dénoncé la corruption à Ourgla, ville du sud où elle a été une militante connue du Hirak. Le syndicaliste Lounis Saidi a été condamné, en juillet dernier, à deux ans de prison et directement écroué : président de la fédération des cheminots, affiliée au syndicat officiel UGTA, il avait lancé un appel à la grève pour demander l’application des décisions d’augmentation de salaire des cheminots. Lâché honteusement par son syndicat qui n’a pris la décision de le soutenir que plusieurs mois après sa condamnation. Il sera fixé sur son sort dans une semaine puisqu’il comparaitra devant le tribunal correctionnel. On peut énumérer encore d’autres cas tellement la liste est longue.
Pas intimidés, ni résignés
Si l’effet recherché par le recours systématique à la répression et au harcèlement judiciaire est de tétaniser les masses, force est de constater qu’un tel objectif n’a pas été atteint. Peut-être le pouvoir confond-il à tort le reflux actuel des luttes et la résignation ? Car des luttes, même si elles sont moins nombreuses, il y en a. Les enseignants de l’éducation avaient observé trois jours de grève, tenu des rassemblements devant les directions de l’éducation, les travailleurs de l’Etusa (entreprise publique de transport à Alger) avaient aussi arraché une augmentation salariale suite à un débrayage et les lycéens avaient fait grève pendant une semaine suivie de manifestations. Tout récemment ce sont les habitants de Toudja, localité de Béjaïa qui ont fermé le siège de leur mairie pour dénoncer la mauvaise gestion du maire. Quand le recours à la lutte devient nécessaire, la répression ne dissuade pas grand monde. Ces exemples en sont la preuve, comme le montre aussi l’attitude de notre camarade Lyes Touati qui a dénoncé le verdict prononcé à son encontre sur sa page Facebook à la sortie du tribunal en concluant son post par ces mots : « L’injustice ne peut durer éternellement, restons debout ! »